20/08/2020
Etoile centrée
Nous avons retrouvé trois drapeaux d'Etats indépendants (et reconnus par l'ONU) présentant une étoile centrée sur fond à plage de couleur unique. Le premier (drapeau ci-contre) des trois à avoir obtenu l'indépendance (de la France le 2 septembre 1945), le Vietnam, a connu juste après une période très mouvementée, soit deux conflits particulièrement meurtriers, la Guerre d'Indochine (1946-1954 et la débâcle française de Dien Bien Phu) et la Guerre du Vietnam (1959-1975 et l'intervention militaire américaine à partir du début des années 1960), le second constituant encore un traumatisme pour les américains (au vu des productions cinématographiques et télévisées qui se poursuivent...). A l'instar de la Chine, le Vietnam est un Etat communiste à parti unique et par conséquent l'étoile représente l'unité du pays et le parti communiste. Les cinq branches représentent les paysans, les ouvriers, les soldats, les intellectuels et la jeunesse travaillant ensemble dans la construction du socialisme. Le rouge renvoie au sang versé pour l'indépendance. Le drapeau (proportion 2:3) fut adopté le 29 septembre 1945.
Egalement ancienne colonie française, le Maroc (446.550 km² hors Sahara occidental) acquit son indépendance en 1955 mais son drapeau actuel (proportion 2:3) lui servit d’emblème à partir de 1915, soit trois ans après la mise en place du protectorat français. Le rouge, emblème historique de la dynastie alaouite (au pouvoir dans ce Royaume depuis 1631) était déjà arboré ante-occupation française. Afin de distinguer le drapeau des couleurs utilisées par la marine française, un pentagramme fut ajouté le 17 novembre 1915. De couleur verte (couleur de l'islam), celui-ci représente le Sceau de Salomon (Suleiman en langue arabe). Dans les légendes médiévales juives, chrétiennes et islamiques, cet objet était un anneau magique censé avoir été porté par le roi d'Israël Salomon et qui lui donnait le pouvoir de commander les démons, les éfrits et les djinns, ou de parler aux animaux. Central dans le récit du Testament de Salomon, le Sceau est cité dans le Coran mais également dans un Conte des Milles et unes nuits. Plus récemment, "l'anneau de Salomon" est cité par Voltaire dans son conte Le Crocheteur borgne (écrite en 1715 et paru en 1775).
Enfin, la Somalie, ancienne colonie également, accède à l'indépendance formelle le 1er juillet 1960 lorsque la Somalie italienne (territoire sous tutelle accordé par l'ONU en 1949) fusionna avec la Somalie britannique (devenue indépendante le 25 juin 1960) pour former la République fédérale de Somalie. Cet Etat extrêmement pauvre (637.657 km² ; capitale : Mogadiscio) et foyer connu d'opérations de piraterie cumule les handicaps. Considérée comme le pays le plus corrompu au monde par l'ONG Transparency International, la Somalie est également considérée dans le champ des sciences politiques comme un Etat "failli" et "effondré". Dans ce sens, le gouvernement central ne contrôle pas le Somaliland (Etat non reconnu) mais également des parties du territoire contrôlées par la groupe islamiste Harakat al-Chabab al-Moudjahidin. Désigné par l'universitaire et homme politique Mohammed Awali Liban, le drapeau (proportion 2:3) fut adopté le 12 octobre 1954. Les cinq branches symbolisent les cinq zones où vivent les Somalis : la Somalie britannique (Somaliland), la Somalie italienne (la bande allant du nord au sud), la Somalie française (Djibouti), l'Ogaden (Ethiopie) et nord du Kenya. La couleur bleue a été choisie en hommage à l'ONU qui aida le pays dans l'accession à l'indépendance.
J. N
16:02 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : somalie, maroc, vietnam, guerre du vietnam, drapeau vietnam, drapeau somalie, drapeau maroc, parti communiste, etat communiste, pentagramme, sceau de salomon, suleiman, france, protectorat, dynastie alaouite, voltaire, somaliland, djibouti, ogaden, mohammed awali liban, drapeau avec étoile centrée, chabab, harakat al-chabab al-moudjahidin, testament de salomon, anneau de salomon, le crocheteur borgne, onu
24/04/2020
Indice de liberté de presse - 2020
La pandémie actuelle du Coronavirus/Covid-19 est du pain béni pour de nombreux gouvernements. Dans certains cas, elle permet de masquer la crise économique aiguë traversée en ce moment (Liban) mais plus généralement, elle fournit un prétexte à de nombreux gouvernements pour restreindre encore plus les libertés individuelles, notamment la liberté de la presse.
C'est ce qu'affirme l'ONG Reporters sans Frontières qui a publié le 21 avril 2020 son classement annuel de la liberté de la presse. C'est le cas par exemple de la Chine (177e) et de l'Iran (173e) - les deux premiers foyers de l'épidémie - qui ont mis en place des dispositifs de censure massifs. En Irak (162e), la licence de l'agence de presse Reuters a été suspendue car cette dernière a remis en cause via une dépêche les chiffres officiels concernant le coronavirus. Au Turkménistan (179e), l'un des pays les plus autoritaires et fermés au monde et où il y a officiellement zéro cas de coronavirus, l'emploi du mot "coronavirus" est passible d'une peine de prison. Considéré comme l'Etat le plus autoritaire au monde (et où il n'y a également - officiellement - aucun cas de contamination), la Corée du Nord occupe la dernière place du classement.
Si l'Occident se classe généralement bien (8 Etats dans le TOP 10, 16 dans le TOP 20) et que les pays nordiques occupent encore une fois le TOP 4 (voir classement ci-dessous), il n'échappe pas pour autant à cette tendance mondiale de musellement des médias. En pleine dérive autoritaire depuis des années, la Hongrie (89e, -2 places) de Viktor Orban a fait passer une "loi coronavirus" sanctionnant jusqu'à 5 ans de prison ferme la "diffusion de fausses informations" concernant le virus.
Progressions et régressions
Pour la 4ème année consécutive, la Norvège - exemple de démocratie - demeure 1ère du classement. Mais la meilleure progression est à créditer à la Malaise (101e) et aux Maldives (179e), après une alternance politique (en Malaisie, le premier ministre Najib Razak a quitté le pouvoir en 2018) qui leur fait respectivement gagner 22 et 19 places. Le Soudan (où l'ancien dictateur Omar el-Bashir a été écarté l'an passé) gagne de même 16 places. Les pires reculs sont du côté des pays en développement : Haïti (83e) et les Iles Comores (75e) perdent respectivement 21 et 19 places.
C'est la région Asie-Pacifique qui marque le recul le plus important (+1.7%). Généralement modèle de démocratie, l'Australie perd 5 places (26e) tandis que Singapour (158e) - Etat autoritaire - en perd 7. La région Moyen-Orient/Afrique du Nord demeure par ailleurs le coin le plus dangereux pour le journalisme, où l'Arabie Saoudite (170e, +2) et l'Egypte (166e, -3) sont - au niveau mondial - les pays où il y a le plus de journalistes emprisonnés.
Si l'Europe et l'Amérique sont généralement les bons élèves de ce classement, cela n'empêche pas des reculs notoires dans certains Etats. La première puissance mondiale - les USA - n'est "que" 45ème (+3) tandis que la première puissance d'Amérique du Sud - le Brésil - est 107ème (-2). Dans ces deux cas, les présidents (respectivement Trump et Bolsonaro) participent activement de cette état de la liberté de la presse, de par leur attitude anti-démocratique et anti-médias, incitant même publiquement à une haine contre les médias.
Même l'Europe occidentale n'échappe pas à une certaine régression. La France, où les journalistes sont victimes d'agressions policières (crise des gilets jaunes) n'est "que" 34ème (-2). Le Royaume-Uni ne fait pas mieux (35e, -2) tandis que des démocraties authentiques comme la Belgique (12e, -3) et la Suisse (8e, -2) régressent également.
Dans le monde arabe, c'est la Tunisie (une transition démocratique plutôt réussie lors du Printemps arabe) qui se classe le mieux (72e, 0) tandis que le Liban (107e, -1) est le pays arabe du Moyen-Orient qui fait le mieux (107e, -1), suivi du Koweït (109e, -1). Les 20 derniers pays du classement sont fort logiquement des pays du sud et autoritaires. Certains sont également instables sur le plan politique. Il convient de même de souligner la corrélation entre crise économique et répression (ou absence de confiance envers) des médias. En effet, tous les Etats marqués par une crise socio-économique durant la période 2019-2020 (Liban, Irak, Iran, Bolivie, Chili, Haïti, Equateur..etc) régressent. En tout état de cause, cette reculade de la liberté de la presse un peu partout semble devenir une normalité. Et c'est une très mauvaise nouvelle. J. N
TOP 20
1. Norvège
2. Finlande
3. Danemark
4. Suède
5. Pays-Bas
6. Jamaïque
7. Costa Rica
8. Suisse
9. Nouvelle-Zélande
10. Portugal
11. Allemagne
12. Belgique
13. Irlande
14. Estonie
15. Islande
16. Canada
17. Luxembourg
18. Autriche
19. Uruguay
20. Suriname
Les 20 Etats les moins bien classés
161. Tadjikistan
162. Irak
163. Somalie
164. Libye
165. Guinée Equatoriale
166. Egypte
167. Yémen
168. Azerbaïdjan
169. Bahreïn
170. Arabie Saoudite
171. Cuba
172. Laos
173. Iran
174. Syrie
175. Vietnam
176. Djibouti
177. Chine
178. Érythrée
179. Turkménistan
180. Corée du Nord
Classement complet
15:11 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : norvège, finlande, danemark, erythrée, corée du nord, turkménistan, chine, donald trump, trump, bolsonaro, bolivie, chili, soudan, singapour, maldives, reporters sans frontières, coronavirus, covid-19, indice de liberté de presse, indice de liberté de presse 2020, journalisme, irak, iran, liban, tunisie, tadjikistan, haïti, france, etats-unis, brésil, malaisie, iles comores, cuba, vietnam, yémen, djibouti, syrie, laos, portugal, pays-bas, jamaïque, costa rica, nouvelle-zélande, koweït, suède, suisse, equateur, rsf