16/10/2007
7h58...
Comme le titre original américain est "Before the devil knows you're dead", et qu'il constitue un dicton intraduisible en français, le titre français justement a donné ceci : "07h58 ce samedi-là", rien à voir donc avec le dicton irlandais : "May you be in heaven before the devil knows you're dead". Du coup, la substance et la nuance sémantique du titre sont bafouées, comme ce fut le cas pour le dernier film de Ken Loach. "The wind that shakes the barley" (également un dicton irlandais) s'était transformé en "Le vent se lève"... (no comment). Pourquoi 07h58 ? car c'est le début de la fin pour les frères Hanson. L'échec de leur tentative de cambrioler la boutique familiale (normal, ils ne sont pas pros) va ouvrir la boîte de Pandore et mener à des dérapages incontrôlables. En grand frère paternaliste mais dépressif, Philip Seymour Hoffman (Oscarisé meilleur acteur dans Capote, 05) est déroutant, passant d'un état de calme paisible à celui de colère inextinguible avec une maîtrise impressionnante. Quant à Ethan Hawke, il excelle toujours dans ces rôles où il incarne le manque d'assurance et l'angoisse à fleur de peau (Training day, 01, Taking lives, 04, Assault on Precinct 13, 05). Enfin, à 83 ans et une cinquantaine de films au compteur, Sidney Lumet prouve qu'il maîtrise toujours aussi bien son sujet.
Before the devil knows you're dead (Sidney Lumet, USA, 2007, 116 mins). Avec Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Marisa Tomei, Albert Finney, Rosemary Harris.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
- Présenté - Festival de Deauville 2007.
16:30 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sidney lumet, before the devil knows you're dead, ethan hawke, philip seymour hoffman
13/10/2007
The assassination of Jesse James
Jesse James fut au grand banditisme ce qu'était Elvis Presley au rock, c'est-à-dire le King. Né en 1847, il participe à la Guerre de sécession dès l'âge de 16 ans (dans le camp sudiste). En 1864, il rejoint le gang des bushwhackers puis braque sa première banque en 1866. Avec son frère Frank, il va multiplier durant 15 ans les attaques de banques, trains et diligences. Devenus trop célèbres, les frères James sont obligés de freiner leurs activités et de se cacher en permanence. Jesse James est finalement trahi par les frères Ford, membres de son gang. C'est Robert qui l'assassine dans sa maison le 3 avril 1882. A contre-pied de nombreux westerns qui ont relaté la vie et les forfaits de Jesse James, le réalisateur Andrew Dominik (Chopper, 2000) a proposé une reflexion sur la manière dont était perçu le célèbre desperado par ses proches mais aussi une méditation sur le mythe du "hors la loi bien aimé". Les acteurs sont très crédibles (Prix d'interprétation pour Brad Pitt à la Mostra de Venise), phénomène plutôt rare dans les reconstitutions historiques. La bande son est signée Nick Cave qui effectue une apparition dans le film.
The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford (Andrew Dominik, USA, 2007, 155 mins). Avec Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard, Mary-Louise Parker, Sam Rockwell, Paul Schneider, Zooey Deschanel, Jeremy Renner.
- Meilleur acteur (Brad Pitt) - Mostra de Venise 2007.
- En compétition (Lion d'or) - Mostra de Venise 2007.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
02:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the assassination of jesse james by the coward robert ford, andrew dominik, brad pitt, casey affleck
29/09/2007
The Bourne Ultimatum
Une interview dans Première (sept 07), 3 articles dans Ciné-Live (sept 07), en couverture de Score (n° 36S, juill-sept 07)... Jason Bourne est de retour. Et quel retour... ce troisième volet de la saga est détonnant. Paul Greengrass, en virtuose du maniement de la caméra épaule rectifie le tir après un épisode 2 plutôt décevant (The Bourne supremacy aka La mort dans la peau) et nous livre une suite encore plus nerveuse, qui réinvente carrément le film d'espionnage (on comprend ainsi pourquoi l'ancienne formule de James Bond ne fonctionnait plus et a été modifiée). Après une partie d'echecs avec la CIA dans Waterloo station (un chassé-croisé hallucinant), Bourne s'envole pour Madrid. Les cerbères de l'agence américaine le rejoignent en Espagne qu'il a déja pris la poudre d'escampette (fait nouveau, il est accompagné de Nicky aka Julia Styles) et se retrouve à Tanger, traqué dans les ruelles de la kasbah par les flics et par un tueur. Après une scène de bagarre déroutante (remarquez lorsque Bourne se serre d'un livre pour arme), Jason met les voiles pour New-York,, décidé à régler leur compte au pontes du CIA qui l'ont tellement harcelé. Ca va déménager... Pourquoi le tome 3 est encore plus intelligent que les précédents ? parce que Bourne après tout est un être humain (même s'il est une machine conçue initialement pour tuer) et a des faiblesses. Ce n'est ni un super-héros, ni le James Bond moderne à qui rien n'arrive. Il sème la CIA dans la gare mais une caméra le chope, il course un tueur à Tanger mais celui-ci l'aperçoit sans qu'il s'en rende compte et faillit l'avoir. Paul Greengrass a bien fait de mettre l'accent sur ce point, tenant le spectateur en haleine, tout en lui permettant de ne pas tomber dans l'ennui. Après Zurich, Paris, Goa, Berlin, Moscou, place à Londres, Madrid, Tanger et New York. La saga en aura parcouru des villes... Comme une boucle, elle se termine comme elle avait commencé : par un corps agonisant dans l'eau... Nous n'en dirons pas plus. Film à voir à tout prix pour les fans d'espionnage adrénaliné.
The Bourne Ultimatum (Paul Greengrass, USA, 2007, 115 mins). Avec Matt Damon, Joan Allen, Julia Stiles, David Strathairn, Edgar Ramirez, Daniel Brühl, Scott Glenn, Albert Finney.
16:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the bourne ultimatum, matt damon, paul greegrass, joan allen, david strathairn, julia stiles
Shoot'em up
C'est un film d'action qui ne se prend pas la tête, ne se veut pas ambitieux, et qui rappelle le style de John Woo à ses débuts (The Killer, 1989 ; Hard Boiled, 1992), mais en moins efficace. Ceux qui s'attendent à un film d'action intelligent vont très vite déchanter, par contre ceux qui s'attendent à une partie de divertissement seront ravis. Il se prénomme Mr. Smith, ne supporte pas les gens mal élevés, mange des carottes (et tue avec), tire plus vite que son ombre, et fera tout pour sauver un nourisson des griffes d'une bande de malfrats. On aura donc droit à une cascade de références à travers les aventures de Mr. Smith : Kill Bill, The Bourne Identity, Pulp Fiction, Payback, Matrix, Crying Freeman... La formule est un peu éculée et le film est très moyen. Consolation : Paul Giamatti, dans un rôle à contre-courant.
Shoot'em Up (Michael Davis, USA, 2007, 90 mins). Avec Clive Owen, Paul Giamatti, Monica Bellucci, Daniel Pilon.
- Présenté Hors compétition - Festival de Deauville 2007.
14:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Shoot'em up, Michael Davis, Clive Owen, Paul Giamatti, Monica Bellucci
22/09/2007
Caramel
Ambiance almodovaresque (les femmes, les couleurs dans le salon) pour le premier long-métrage de Nadine Labaki. Les vies de plusieurs femmes, et amies, se croisent dans un salon de coiffure. Layal a une relation avec un homme marié et espère non sans naîveté qu'il va quitter sa femme pour elle. Rima est lesbienne, ne supporte pas les hommes et est particulièrement attirée par une cliente du magasin. Nisrine va se marier à un mec conservateur et traditionnel. Problème : elle n'est plus vierge et doit donc se faire recoudre. Jamale est femme au foyer, en a marre de son mari (les gosses aussi sont un fardeau) et est obnubilée par son look vieillissant. Quant à Rose, elle est obligée de s'occuper de sa soeur (elles ont toutes les deux la soixantaine), plus âgée qu'elle et complètement gaga. C'est d'abord "un film de meufs", comme on dit, et un film pour les femmes, un bel hommage à la gente féminine, rarement à son avantage et même oppréssée dans une société libanaise hyper machiste (on connaît, on a grandi et vécu au Liban). Ceci transparaît à travers les discussions et les péripéties qui jalonnent la vie des principaux protagonistes du film. Contraintes sociales, oppression politique, omniprésence de la famille, conservatisme... autant de thèmes qui composent également ce film. Mais on ne les aperçoit qu'en filigrane. La raison en est probablement que ce film se veut consensuel et cherche à éviter de tomber dans les partis pris. En effet, la société libanaise est tellement divisée sur toutes sortes de sujets, que très rarement un long-métrage libanais suscite l'unanimité au sein "des libanais". Ouest Beyrouth (1998, Ziad Doueiri) et Terra Incognita (Ghassan Salhab, 2002) en sont des exemples.
Caramel (Nadine Labaki, Liban, 2007, 95 mins). Avec Nadine Labaki, Yasmine El Masri, Sihame Haddad, Joanna Mkarzel, Aziza Semaan, Gisèle Aouad.
- Présenté - Quinzaine des réalisateurs - Festival de Cannes 2007.
15:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Caramel, Nadine Labaki, Yasmine El Masri, Sihame Haddad, Liban