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20/01/2015

Le temps des changements

le temps des changements,robert silverbergDans un monde qui semble être néo-retro, et plus précisément sur la planète Borthan, toute manifestation d'individualité est strictement interdite. Il est en effet proscrit de dire "Je". Pour Kinal Darrival, les choses ne sont pas figées et le temps des changements est à venir. Dans sa quête de soi, il rencontre Schweiz, un marchand venu de la Terre et fort logiquement adepte d'autres coutumes et d'une autre conception du monde. Avec Schweiz, Kinal va découvrir la drogue (clin d’œil de l'auteur à toutes sortes de substances hallucinogènes : LSD, peyotl, amphétamines...etc), subissant une "liquéfaction générale de la réalité, un effondrement des murs, une rupture des contraintes" (...). Mais surtout, cet état second va lui permettre d'ouvrir son esprit, casser les tabous, prélude à "sa" révolution. 

Réquisitoire contre la dictature de la pensée et des traditions, oeuvre introspective (1) mais également messianique, Le temps des changements est un autre tour de force parmi les très nombreux chefs-d'oeuvre de Robert Silverberg, et demeure largement d'actualité plus de quarante ans après sa publication.

J. N

 

Robert Silverberg, Le temps des changements, Le Livre de Poche, 2013, 254 p.

Publié pour la première fois en 1971 sous le titre original A Time of Changes.

- Prix Nebula - 1971.

(1) Quête de l'identité comme dans Le livre des crânes (1972) mais également introspection concernant le judaïsme, qui apparaît également en filigrane dans L'oreille interne (1972).

19/01/2015

Berthe Morisot

impressionnisme,berthe morisot,dominique bona,paul durand-ruelMembre de l'Académie française depuis avril 2013 et lauréate du Prix Renaudot, Dominique Bona nous propose ici une biographie de Berthe Morisot (1841-1895). Pourquoi elle ? Dominique Bona s'est interrogée sur ce portrait peint par Edouard Manet en 1872 (Berthe Morisot au bouquet de violettes), constituant la couverture du livre. Enigmatique ce portrait de la future belle-soeur de Manet (sourit-elle ?), représenté dans un mélange de clair et d'obscur. Mais surtout, Berthe Morisot fut la seule femme au sein de ce groupe d'Impressionnistes décriés à leurs débuts et refusés par les Salons officiels. A travers ce récit, tous ces peintres et amis seront d'ailleurs évoqués (Manet, Monet, Pissarro, Degas, Renoir...etc). Impossible en effet de ne pas raconter leur histoire puisque leurs parcours sont étroitement liés (Mallarmé et Zola faisaient également partie de la bande). Voici donc un livre passionnant sur les débuts de l'Impressionnisme, pour ceux qui s'y intéressent. Et pour voir les toiles en vrai, hormis les Musées d'Orsay, de l'Orangerie, et Marmottan-Monet, à Paris, le Musée du Luxembourg propose jusqu'au 8 février une exposition consacrée à Paul Durand-Ruel - marchand d'art et promoteur des peintres impressionnistes - et permettant d'apprécier 80 toiles provenant de musées français et étrangers. J. N

Dominique Bona, Berthe Morisot - Le secret de la femme en noir, Le Livre de Poche, 2000, 378 p.

- Bourse Goncourt de la biographie

- Prix Bernier de l'Académie des Beaux-Arts

04/12/2014

Les chaînes de l'avenir

philip k. dick,panthropie,les chaînes de l'avenir,the world jones madeToujours Philip K. Dick. Les chaînes de l'avenir, écrit en 1956, est son second roman (1), correspondant du coup à sa première période d'écriture. Si durant celle-ci, il ne connut pas de succès (celui-ci intervient en 1962 avec Le maître du haut château, lauréat du prix Hugo un an plus tard), il allait tout de même y développer certains de ses thèmes fétiches. En effet, le thème du simulacre dont Philip K. Dick et Daniel F. Galouye sont les précurseurs, apparaît déjà dans L'oeil dans le ciel (Eye in the sky, 1957), avant d'être plus explicitement développé dans Le Temps désarticulé (Time out of joint, 1959) (3) et Simulacres (1960).

Dans un monde en proie au chaos et menacé par une invasion extraterrestre imminente, le salut (ou le coup de grâce ?) pourrait venir de Jones, capable de lire l'avenir avec un an d'avance. Le titre français du livre a permis l'écriture de la phrase suivante sur le quatrième de couverture de l'ancienne édition (Le Masque - Science-Fiction) : "Quel sera alors le destin de ce dictateur, prisonnier de sa faculté, prisonnier des chaînes de l'avenir ?" Mais Jones l'est-il vraiment ? Sachant qu'il sait quand et comment on tentera de l'assassiner ?

philip k. dick,panthropie,les chaînes de l'avenir,the world jones made,métaphysique,relativisme,prophète,dictatureS'il ne constitue pas une oeuvre phrare de Dick (la période 60-70 sera la plus intéressante), ce livre à la dimension dense préfigure toutefois ce qui allait venir par la suite : culte de la personnalité (l'allusion à Adolf Hitler est à peine voilée - Radio Free Albemuth développera également le thème du dictateur) et mythe du prophète absolu (4), monde pré/pro-apocalyptique, robots (thème brillamment développé dans Blade Runner), panthropie (5), relativisme...etc.

philip k. dick,panthropie,les chaînes de l'avenir,the world jones made,métaphysique,relativisme,prophète,dictatureAnalyse

L'histoire gravite autour de la notion métaphysique de la renaissance spirituelle et le désir de l'homme de transcender ses limitations. Philip K. Dick fait usage de nombreux parallélismes pour montrer les différentes tentatives des personnages de surmonter leur humanité par le biais d'antithèses. D'une part, l'épouse du principal protagoniste (Cussick) décide de le quitter en raison de la monotonie de sa vie quotidienne et finit par succomber à la décadence dans l'espoir de retrouver l'au-delà ; d'autre part, l'humanité tente de se reconstruire à travers des mutants envoyés sur Vénus et en se fiant aux visions pré-cognitives de Jones.  

C. A et J. N

 

Philip K. Dick, Les chaînes de l'avenir, Le Masque, Science-Fiction, 1976, 254 p. 

Paru pour la première fois en 1956 sous le titre original The World Jones made.

 

(1) Paru en 1955, Solar Lottery est le premier.

 

(2) Le film The Truman Show (Peter Weir, 1998) en sera largement inspiré.

(3) Thème développé dans Dune (1965) de Frank Herbert.

(4) Thème typique de science-fiction, la panthropie aborde le fait d'adapter génétiquement les humains afin de coloniser des planètes à l’environnement hostile. Dans son roman The Seedling Stars (Semailles humaines, 1957), James Blish (1921-1975) est le premier à en faire un thème central. Au cinéma, le thème est notamment développé dans Avatar (2009) de James Cameron.

27/11/2014

Radio Free Albemuth

Radio_Free_Albemuth_FilmPoster.jpeg.jpegUn film qui ne devait pas voir le jour, comme le livre dont il est adapté

 

Réalisée en 2010, cette adaptation d'un des romans phares de Philip K. Dick ne fut disponible que cette année-là. Le matériau d'origine avait également peiné pour voir le jour. Preuve encore une fois de la complexité d'une oeuvre quasiment inadaptable sur grand écran.

 

dick 16.jpgMaître incontesté de la science-fiction subversive, précurseur du cyberpunk, inventeur des mondes parallèles et premier à questionner la réalité et sa perception, Philip K. Dick devait à la base écrire une suite à son roman Flow My Tears, the Policeman Said ("Coulez mes larmes, dit le policier"), dans lequel il racontait l'histoire de Jason Taverner et sa descente aux enfers dans un monde parallèle où l'Amérique est une dictature (paru en 1974, le livre remporte le Prix John Wood Campbell Memorial).

dick 2.jpgChangement de titre

Cette suite, intitulée Valisystem A, fut réalisée en douze jours (accro à de nombreuses substances dont le speed, Dick "écrivait vite") mais après une longue reflexion de quatre ans (1). Mais l'oeuvre ne fut pas acceptée par l'éditeur de Dick. Plutôt que de le retravailler, ce dernier préféra l'offrir à son ami Tim Powers (également auteur de SF).

En 1985, soit après la mort de Philip K. Dick, Tim Powers et Paul Williams (fondateur de la Philip K. Dick Society et exécuteur testamentaire de Dick) récupérèrent le manuscrit et permirent sa publication après avoir modifié le titre. Valisystem A devenait Radio Free Albemuth

En effet, délaissant Valisystem A, Dick avait rédigé VALIS, premier volet d'une autre de ses oeuvres phares, LA TRILOGIE DIVINE, dans laquelle il développait les mêmes thématiques. Et VALIS (SIVA en français) est l'acronyme de Vast Active Living Intelligence System. The Divine Invasion (1981) et The Transmigration of Timothy Archer (1982) prendront la suite de Siva (1980).

200px-Radio_free_albemuth.jpgContre un monde totalitaire

Dick poursuit donc dans Radio Free Albemuth sa reflexion centrée autour de la crainte de l'émergence d'un Etat américain policier, id est totalitaire. Alors que l'Amérique est dirigée d'une main de fer par Ferris F. Fremont (qui renvoie à l'ancien président US Richard Nixon), Phil Dick (l'autobiographie décalée est bel et bien présente) s'inquiète pour son ami Nicholas Brady qui dans son sommeil reçoit des message subliminaux d'une entité extraterrestre lui enjoignant de se rebeller contre le système...

A noter que le personnage de Fremont pourrait également renvoyer au sénateur américain Joseph McCarthy (1908-1957), et sa fameuse "chasse aux sorcières" (Maccarthysme, terreur rouge), période correspondant au climax de la lutte idéologique entre les Etats-Unis et l'URSS et durant laquelle tout le monde aux Etats-Unis est suspect potentiel de collusion avec "l'ennemi communiste".

Plaidoyer antitotalitaire, confusion entre le réel et l'irréel, délires mystiques, paranoïa portée au paroxysme... Tout est réuni ici pour faire de ce récit une oeuvre abondante, extrêmement complexe et impossible à catégoriser. Radio Free Albemuth est "l'ultime jeu de miroirs qui interdit à tout commentateur honnête de prétendre distinguer une image claire dans l'ensemble de cette oeuvre tout entière consacrée à la description des simulacres (...) " (2).

téléchargement.jpgL'adaptation en soi 

Présenté au Sedona Film Festival en février 2010, Radio Free Albemuth ne fut distribué que tardivement en dvd. Cela est dû au fait que le film n'a pas bien été reçu par les critiques (22% de critiques positives sur le site Rotten Tomatoes ; 33% chez Metacritic). L'achat des droits de distribution s'est donc fait (longtemps) attendre. Film indépendant, Radio Free Albemuth est également à petit budget. Peinant à restituer avec conviction l'univers dystopique de Philip K. Dick (mais qui en serait véritablement capable ?), il souffre également d'une direction d'acteurs assez pauvre. On cite bien entendu les deux principaux protagonistes et habitués des séries TV, Jonathan Scarfe et Shea Whigham. Ce dernier, brillant chez HBO (Boardwalk Empire, True Detective), peine à voir en Philip K. Dick même si la ressemblance physique est frappante. 

Au final, Radio Free Albemuth est fort logiquement une nouvelle adaptation ratée de Philip K. Dick, venant s'ajouter à 12 autres (dont la plupart sont également des flops). Reste à voir ce que donnera l'adaptation en série de The Man in the High Castle (actuellement en tournage et produite par Amazon), autre oeuvre phare, lauréate en 1963 du Prix Hugo.

Enfin, pour de plus amples informations sur le long-métrage Radio Free Albemuth, il conviendra de consulter le blog qui lui dédié : http://radiofreealbemuth.com/blog/ 

J. N

 

Radio Free Albemuth (John Alan Simon, 2010, USA, 111 min).

Cast : Shea Whigham, Jonathan Scarfe, Katheryn Winnick, Alanis Morissette, Hanna Hall.

 

(1) Cf. la préface d'Emmanuel Jouanne dans Radio Libre Albemuth (Gallimard, Folio Science-Fiction, 2005), p. 10.

(2) Ibid, p. 11.

22/06/2014

Le syndrome du scaphandrier

serge brussolo,le syndrome du scaphandrier,mondes parallèles,réalité,monde virtuel,monde des rêves"Chasseur de rêves", David Sarella, fonctionnaire de son Etat, s'enfonce dans son sommeil afin de rapporter des objets d'arts vendus ensuite à des collectionneurs sans scrupules. Ce monde parallèle, jalonné d'aventures dangereuses lui permet de s'évader de son univers aseptisé. Devenu accro à cette réalité parallèle, en viendrait-il à la confondre avec le "monde réel" ? Malgré l'avertissement de ses supérieurs et des psychologues, et en dépit d'une santé qui ne fait que décroître, il ne peut s'empêcher de plonger et replonger dans cette zone... Si Christopher Priest est le pendant britannique du génie Philip K. Dick et de ses mondes parallèles, Serge Brussolo l'est assurément côté français, du moins à travers ce roman sombre. En effet, outre l'exploration de ce qu'est la réalité, Brussolo articule son récit autour d'un principal protagoniste en marge de la société, au bord de la rupture, et survivant tant bien que mal dans un monde de plus en plus déshumanisé. L'atmosphère lugubre est également permanente et l'histoire - comme chez Philip K. Dick - se termine sur une touche de désespoir. On pourra reprocher au récit d'être linéaire, plutôt prévisible, et somme toute, assez court. Mais il n'en demeure pas moins une exploration incisive sur le monde des rêves, thème développé il y a quelques années dans le vertigineux anime japonais Paprika (2006), et dans le nom moins étourdissant Inception (2010) de Christopher Nolan.  J. N

Serge Brussolo, Le syndrome du scaphandrier, FOLIO SF, 2005, 192 p.

Publié pour la première fois en 1992.