07/11/2010
Inception
Retour sur Inception de Christopher Nolan, qui a battu des records l'été dernier au box-office américain. Rappel : David Comb (DiCaprio) est expert dans le trafic industriel. L'extraction est sa spécialité : retirer du cerveau de quelqu'un, en penétrant dans ses rêves, des informations vitales qu'il revendra ensuite. Mais voilà qu'on lui propose une mission aussi périlleuse qu'inédite : l'inception. Au lieu d'extraire une info, il doit s'arranger pour implanter une idée dans l'esprit de l'individu en question... Il y a quelques mois, un article français (dont nous n'avons pas retrouvé la trace) parlait de "film ovni". Nous en profitons donc pour rappeler que le film se situe dans la même lignée que Total Recall (Paul Verhoeven, 1990), Dark City (Alex Proyas, 1998), Matrix (Wachowski brothers, 1999), A scanner darkly (Richard Linklater, 2006) qui sans parler précisément de rêves faisaient référence aux mondes parallèles, mais surtout pour porter un hommage au réalisateur japonais Satoshi Kon, décédé le 24 août dernier, qui dans son anime Paprika (2006) avait traité du même thème.
Au sein d'un laboratoire prestigieux, un groupe de neuro-scientifiques venait de créer un appareil, le DC mini, qui permet de rentrer dans les rêves des gens. Ainsi, il serait possible d'atteindre l'inconscient de patients malades et de les guérir. Encore en phase d'essai, l'appareil est volé, ce qui sème la panique au sein des scientifiques car utilisé à mauvais escient, la machine pourrait produire des résultats catastrophiques. Le Dr. Atsuko Chiba, sous l'apparence de son alter-égo, "Paprika", décidait de s'aventurer dans le monde des rêves afin de démasquer le voleur. Satoshi Kon nous entraînait ainsi dans un trip hallucinatoire, à la frontière entre le réel et le virtuel, où le surréalisme était de mise.
Nous n'entendons cependant n'enlever aucun crédit à Inception que nous avons adoré et notons une nouvelle fois le grand talent d'un Christopher Nolan qui ne cesse de démontrer l’éclectisme de sa palette. Après un premier film intimiste réussi (Following, 1998), il révolutionne le cinéma avec Memento (2000), un film à rebours. Avec Insomnia (2002), il s'essaie au remake et avec The prestige (2006) à l'adaptation d'un roman de science-fiction. Entre-temps, il aura repris le flambeau de la franchise Batman (Batman begins, 2005), essai qu'il transforme ensuite en réinventant le film de super-héros (The Dark Knight, 2008). Le troisième volet, The Dark Knight Rises, est attendu pour 2012.
Inception (Christopher Nolan, USA, 2010, 148 min). Avec Leonardo DiCaprio, Joseph Gordon-Levitt, Ellen Page, Tom Hardy, Ken Watanabe, Cillian Murphy, Dileep Rao, Marion Cotillard, Tom Berenger, Michael Caine.
00:31 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inception, christopher nolan, leonardo dicaprio, tom hardy, ellen page, cillian murphy, joseph gordon-levitt, marion cotillard, michael caine, paprika, satoshi kon, the dark knight, the prestige, memento
04/11/2010
Attack on Darfur
Voilà une première fiction sur le conflit du Darfour (1). Les Etats-Unis n'étant pas impliqués (pas directement du moins) dans cette guerre, réalisateurs et scénaristes ne se sont pas rués, comme ce fut le cas pour l'Irak. Il faut également reconnaître que le Soudan n'est pas un pays accessible et que peu d'informations filtrent concernant ce qui s'y produit. Résultat, ce premier opus ne restera pas dans les annales. Et pour cause. Le film débute avec une musique africaine et un aperçu dans les villages : joie de vivre et bonne humeur des habitants, enfants qui jouent au football, femmes qui travaillent des tâches artisanales...etc. Accompagnée d'une patrouille de soldats de l'UA (Unité africaine), un groupe de journalistes américains sillonne les villages afin de recueillir des informations sur les conditions de vie des habitants. Voilà que les Janjawids (2) débarquent et leur somment de s'en aller fissa sinon ils seraient considérés comme des cibles ennemies. Tenaillés entre instinct de survie et examen de conscience, deux journalistes décident de rester sur les lieux afin de porter secours aux villageois... Que le réalisateur ait décidé d'opter pour le côté humanitaire du conflit (3) plutôt que pour une analyse géopolitique, cela n'a rien de répréhensible, bien au contraire. Mais qu'on nous fasse miroiter que les Occidentaux (en première ligne les Américains) se soucient du sort des populations civiles au Darfour est un pas franchi qui nous ramène au cinéma hollywoodien bien-pensant le plus hypocrite, mis en exergue par cette citation de la fin, "That we have not stopped the genocide means we have not learned from history", à laquelle nous répondrons "Sans blague"... Et puis lorsqu'on se penche sur la filmographie de Uwe Boll, réalisateur médiocre (4) et qu'on remarque à quel point certains acteurs supposés être des têtes d'affiche sont sous-exploités (Billy Zane, Edward Furlong), on réalise que Darfur n'est rien moins qu'un navet.
Darfur (Uwe Boll, USA, 2010, 105 mins). Avec Kristanna Loken, David O'Hara, Noah Danby, Matt Frewer, Hakeem Kae-Kazim, Sammy Sheikh, Billy Zane, Edward Furlong, Maggie Benedict.
(1) Signalons toutefois quelques documentaires : Sand and Sorrow (2008), Darfur Diaries : Message From Home (2004), Darfur Now (2007).
(2) Les milices arabes.
(3) Le conflit aurait fait des centaines de milliers de morts. Par ailleurs, le 4 mai 2009, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
(4) Final Storm (2009), Postal (2007), Bloodrayne (2006), Alone in the dark (2005), House of the dead (2003)...etc.
08:49 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : attack on darfur, uwe boll, david o'hara, hakeem kae-kazim, janjawid, darfour, edward furlong, billy zane, kristanna loken, noah danby
30/10/2010
Splice
Clive et Elsa, deux brillants généticiens, viennent de réaliser une prouesse remarquable. Ils ont réussi par le biais d'une combinaison de différentes espèces animales à créer des hybrides. Sur leur lancée, ils espèrent parvenir à fusionner de l'ADN humain et de l'ADN animal. Malheureusement pour eux, la firme pour qui ils travaillent préfèrent qu'ils poursuivent le projet précédent, c'est-à-dire la commercialisation des hybrides afin de générer des profits. Ils décident donc de poursuivre leurs expériences clandestinement et génèrent Dren, une créature mi-humaine mi-quelque chose qui parvient à l'âge adulte en quelques mois... Sur le thème du danger de la manipulation génétique, on se souvient du brillant The Fly (1986) du non moins brillant David Cronenberg où un homme fusionne involontairement avec une mouche (1). D'autres opus traiteront également ce thème dans des styles différents (2). Allégorie de la manipulation génétique, Splice s'avère être une réflexion solide. Ces pauvres être humains n'auront qu'à réfléchir à deux fois avant de retenter le coup.
Splice (Vincenzo Natali, Can/Fr, 2010, 100 mins). Avec Adrien Brody, Sarah Polley, Delphine Chanéac, Brandon McGibbon, Abigail Chu, Simona Maicanescu.
- Présenté - Seattle International Film Festival 2010.
- Présenté - Sundance Film Festival 2010.
- Meilleurs effets spéciaux - Sitges, Catalonian International Film Festival 2009.
- 1 nomination (Meilleur film) - Sitges - Catalonian International Film Festival 2009.
(1) Ce film est un remake du film au titre éponyme de Kurt Neumann (1958).
(2) Citons entre autres The island of Dr. Moreau (1977), Metamorphosis: The alien factor (1990), Altered States (1980), The brood (1979), Hollow Man (2000).
18:09 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : splice, adrien brody, sarah polley, vincenzo natali, delphine chanéac, brandon mcgibbon, manipulation génétique, david cronenberg
24/10/2010
Women without men
Sur fond de coup d'Etat de la CIA contre Mohammad Mosadegh (1), le destin de quatre femmes converge vers une jolie maison de campagne, symbole de liberté et d'amitié. Dans un pays (la production cependant n'est pas iranienne) où les droits humains, particulièrement ceux des femmes, sont tous les jours bafoués, Shirin Neshat réalise pour son premier long-métrage un très beau film contemplatif, véritable ode à l'émancipation féminine. Pas sûr que le message plaise à Mahmoud Ahmadinejad...
Women without men (Shirin Neshat, Fr/All/Aut, 2009, 95 mins). Avec Pegah Peridon, Shabnam Tolouei, Orsolya Toth, Arita Shahrzad, Pegah Ferydoni, Navid Akhavan, Mina Azarian.
- Lion d'argent (Meilleure réalisateur) - Festival de Venise 2009.
- Prix UNICEF (Shirin Neshat) - Festival de Venise 2009.
- Présenté - London Film Festival 2009.
- Présenté - Toronto International Film Festival 2009.
- Présenté - Sundance Film Festival 2010.
- Présenté - Rotterdam International Film Festival 2010.
- Présenté - Beirut International Film Festival 2010.
(1) Premier ministre d'Iran sous le règne du Shah (1951-1953), Mohammad Mossadegh est connu pour avoir nationalisé l'industrie pétrolière iranienne en 1951.
19:55 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : women without men, shirin neshat, pegah peridon, shabnam tolouei, orsolya toth, arita shahrzad, pegah ferydoni, iran
20/10/2010
Centurion
117 après Jésus Christ. L'Empire romain est à son apogée. Ses frontières s'étendent à l'Ouest jusqu'en Ecosse. C'est dans cette région que l'Empire fait face à la résistance la plus acharnée des Pictes, un peuple barbare épris de liberté (1). Pour casser la rébellion barbare, la 9ème légion romaine du général Titus Virilus (Dominic West) est envoyée sur place mais elle est décimée lors d'une embuscade spectaculaire. Un groupe d'hommes, menés par le centurion Marcus Dias (Michael Fassbender) se retrouve coincé en lignes ennemies et tente de rejoindre le camp romain le plus proche. Malheur pour eux, ils sont traqués par une horde de "barbares" bien décidés à leur faire la peau... Après le culte The descent (2005), le britannique Neil Marshall n'a pu résister aux sirènes hollywoodiennes et concocte une deuxième grosse production après Doomsday (2008) où déjà, un groupe de soldats surentraînés se retrouvé bloqué dans une Ecosse mise en quarantaine et séparée du monde par un mur géant... Rebelote donc (mais 2000 ans plus tôt) avec tous les ingrédients mis en place pour former un péplum : paysages magnifiques et scènes de combat ultra-violentes (une fois n'est pas coutume), courage, abnégation, amour, caractères féminins marquants (dans des styles complètement opposés, magnifiques Olga Kurylenko et Axelle Carolyn)...etc. Rien de vraiment novateur mais le résultat est terriblement efficace.
Centurion (Neil Marshall, USA/UK, 2010, 97 mins). Avec Michael Fassbender, Olga Kurylenko, Liam Cunningham, Dominic West, JJ Feild, Axelle Carolyn, Noel Clarke, Ulrich Thomsen, David Morrissey.
- Présenté - Seattle International Film Festival 2010.
(1) C'est dans ce contexte justement que l'Empereur Hadrien qui succède à Trajan en 117, décide de stopper l'expansion vers l'Ouest et de construire le fameux "Mur d'Hadrien" afin de contenir les barbares aux marges de l'Empire romain.
16:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : centurion, neil marshall, michael fassbender, liam cunningham, olga kurylenko