30/06/2021
EURO 2020 - 8èmes : Angleterre - Allemagne 2-0
FIN DE LA MALEDICTION POUR L'ANGLETERRE
LE 8ème de finale remporté hier par l'Angleterre contre l'Allemagne (2-0) a plusieurs significations côté britannique. L'occasion pour nous de revenir sur cette confrontation toujours attendue.
Nous les aimons bien ces rivalités entre équipes européennes. Rappellons ici que pour parler dans ces cas-là d'une certaine rivalité, c'est parce que des actions fortement contestées et/ou des incidents ont marqué certaines rencontres (ce n'est pas nécessairement le cas pour l'Argentine et le Brésil qui rivalisent pour l'hégémonie footballistique en Amérique du Sud). Nous avons eu la chance durant cet Euro de tomber sur les rivalités franco-portugaise, franco-allemande et anglo-allemande (ne manquait plus que la germano-hollandaise).
Voilà ce qu'on appellait un grand classique. Si la rivalité franco-allemande remonte à 1982, celle-ci est bien plus ancienne et démarre, bien entendu, avec la fameuse finale de la Coupe du monde 1966 (la seule remportée par les Anglais). Menés 0-2, les Allemands arrachent finalement une prolongation au cours de laquelle les Britanniques inscrivent un but litigieux (il n'est toujours pas clair si le ballon a franchi complètement la ligne de but sur cette frappe sous la barre de Geoffrey Hurst), avant de sceller le score à quelques secondes de la fin (4-2 ap). Le "but de Wembley" est toujours considéré comme le but le plus contesté de l'histoire du football.
L'Allemagne prend sa revanche au mondial suivant, au Mexique (1970). En quart de finale, ils renversent leur adversaire après avoir été menés 2-0 (3-2), dans un match mémorable mais moins capital que la finale de 1966. Après s'être rencontrées 3 fois officiellement (une victoire allemande et un nul lors des éliminatoires de l'Euro 1972, un nul au second tour de la Coupe du monde 1982), les deux équipes vont en découdre lors d'un nouveau match dramatique, la demi-finale de la Coupe du monde 1990. Les Allemands l'emportent aux tirs aux buts (1-1 après le temps réglementaire) et Gary Lineker, l'attaquant british vedette lâchera après la rencontre cette phrase devenue culte : "le football est un jeu simple : 22 types courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne".
L'Allemagne prend définitevement l'ascendant sur son rival à l'Euro 1996 dans une fin de match irrespirable. En prolongation (1-1), les Anglais sont à un cheveu de l'emporter en tirant de près sur le poteau alors que cet Euro applique pour la première fois la règle du but en or. Aux tirs aux buts, c'est Gareth Southgate, le sélectionneur actuel des Three Lions, qui se loupe, ratant le 6ème tir. L'Allemagne remporta la compétition.... en Angleterre.
La suite? Les Anglais profitent de la période sombre de la Mannschaft (1998-2004) pour l'emporter (1-0) au premier tour de l'Euro 2000. Mais dans ce groupe de la mort, les deux sont éliminées au profit de la Roumanie et du Portugal. Un an plus tard, en éliminatoires de la Coupe du monde 2002, les Anglais ridiculisent à Munich une Allemagne à la rue (5-1), après avoir pourtant perdu le match aller (0-1) chez elle. C'est souligner ici que depuis un amical le 12 mars 1975 (victoire anglaise 2-0), les Britanniques ne parvenaient plus à l'emporter dans leur stade mythique de Wembley. Hormis les matchs officiels de 1996 et 2002, ils s'inclinaient 2 fois en amical (1982, 1991), contre-performance qui se répétera en août 2007 (1-2).
Mais voilà qu'une nouvelle controverse vient marquer cet affrontement. En 8èmes de finale de la Coupe du monde 2010, l'Angleterre, rapidement menée 2-0, réduit le score puis égalise par Frank Lampard. Le but n'est pas validé alors que le ballon avait largement franchi la ligne après avoir touché la barre. L'Allemagne l'emporte finalement (4-1). Justice était faite? C'est selon... Mais la ressemblance entre l'action de 1966 et celle de 2010 est étonnante. La malédiction londonienne se poursuivait par la suite, l'Angleterre restant muette deux fois en amical (0-1 en 2013 ; 0-0 en 2017). Elle s'imposait toutefois (toujours en amical à Berlin en mars 2016 (3-2).
Dans un match où elle aura été plus incisive et réaliste en attaque et légèrement plus solide, l'Angleterre a donc pris le dessus sur une Allemagne qui globalement aura raté son Euro avec des performances contrastées et un bilan d'une victoire, d'un nul et de deux défaites. Entre une équipe alternant le bon et le moins bon au premier tour mais qui n'a toujours pas encaissé de but en 4 matchs et une équipe allemande simplement moyen, il était peut-être dit que la première remettrait les pendules à l'heure à cette occasion. Comme un symbole, à 1-0 pour l'Angleterre, Thomas Müller qui l'avait crucifié en 2010 (doublé après le but non validé de Lampard), ratait une balle d'égalisation immanquable (81e). L'attaquant du Bayern était hier, avec Neuer et Kroos (qui prendra sa retraite internationale après cet Euro) le seul rescapé du groupe allemand de 2010.
Symbole plus fort encore, Gareth Southgate, en pleurs après son penalty raté en 1996, prend une revanche personnelle sur l'Allemagne. Plus important, il poursuit l'aventure avec les Three Lion, qui se maintiendra en cas d'accès à la demi-finale (l'Angleterre jouera l'Ukraine). Autres faits marquants, l'Angleterre élimine l'Allemagne en grande compétition depuis la finale de 1966 et l'emporte - tout match confondu - à Wembley pour la première fois depuis 1975. Hormis toute cette contribution, Gareth Southgate tient peut-être son match référence à l'Euro.
J N
Angleterre - Allemagne 2-0 - Mardi 29 juin 2021
Buts : Sterling (75e), Kane (85e).
Avertissements : Rice (8e), Phillips (45e), Maguire (77e) pour l'Angleterre ; Ginter (25e), Gosens (72e) pour l'Allemagne.
Angleterre : Pickford - K. Walker, Stones, Maguire - Trippier, Philips, Rice (Henderson, 88e), Shaw - Saka (Grealish, 69e), Kane (cap.), Sterling.
Allemagne : Neuer (cap.) - Ginter (Can, 87e), Hummels, Rüdiger - Kimmich, Goretzka, Kroos, Gosens (Sané, 87e) - Havertz, T. Müller (Musiala, 90e) - Werner (Gnabry, 68e).
03:56 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frank lampard, lampard, euro 2000, thomas müller, müller, neuer, manuel neuer, toni kroos, kroos, angleterre-allemagne 2-0, angleterre, allemagne, euro 2020, euro 2021, euro, but de wembley, coupe du monde 1966, geoffrey hurst, sterling, kane, southgate, gareth southgate, euro 1996, coupe du monde 2010, coupe du monde 1990, gary lineker, rivalité footballistique, rivalité footballistique entre l'angleterre et l'allemagne
24/06/2021
EURO 2020 - bilan et 8èmes
Sans aboutir à une surprise - comme ce fut le cas en 2016 - le premier tour de l'Euro 2020 fut passionnant. Toutes les équipes attendues seront en huitièmes de finale.
Hormis la Turquie, très décevante dans le jeu (3 défaites, 1 but marqué) et qu'on attendait à un autre niveau, il n'y a eu aucune surprise lors de ce premier tour. D'abord, les équipes rescapées des barrages ont toutes été éliminées, tout en ayant eu le mérite de marquer des buts et des points (Macédoine du Nord, Ecosse, Slovaquie, Hongrie). Ensuite, il est à noter que même le groupe de la mort (E) n'a pas entraîné l'élimination d'équipes attendues pour la suite.
Enfin, toutes les équipes considérées comme des vainqueurs potentiels poursuivent l'aventure. Impressionnantes, l'Italie et la Belgique sont les grands favoris. Ces 16 équipes (voir ci-dessous) se découpent en fait en deux catégories, les favoris (Belgique, Italie, France, Pays-Bas, Allemagne, Portugal, Espagne, Angleterre) et les autres (Croatie, Suisse, Pays de Galles, Ukraine, Suède, Danemark, Autriche, Tchéquie). Parmi ces favoris, 2 ne passeront pas les 8èmes. Le Portugal défiera la Belgique tandis que l'Angleterre et l'Allemagne se retrouvent pour un classique très attendu. J N
Italie
Après avoir surclassé la Turquie et la Suisse sur le même score (3-0), l'Italie a disposé tranquillement du Pays de Galles (1-0) En reconstruction (7 joueurs rescapés de l'Euro 2016) et revenue au premier plan après avoir raté la Coupe du monde 2018 (élimination en barrages), la Squadra Azzura est étincellante actuellement. Elle vient d'enchaîner 30 matchs d'affilée sans défaite et 11 victoires d'affilée sans encaisser de buts. Elle est déjà considérée comme l'un des grands favoris pour la victoire finale.
Belgique
Annoncée comme outsider (Coupe du monde 2014) puis comme prétendant au sacre (Euro 2016, Coupe du monde 2018), la génération dorée des Diables rouges aborde sans doute sa dernière chance de remporter une grande épreuve avec la génération actuelle. Hazard et compagnie ont quasiment tous dépassé la trentaine et il sera difficile de reconstruire rapidement un groupe aussi talentueux. De ce qu'elle a montré au premier tour (3 victoires solides et sans contestation), elle est une grande favorite pour la victoire finale, au même titre que l'Italie.
Pays-Bas
Après avoir manqué la Coupe du monde 2018 et l'Euro 2016, les Bataves reviennent également au premier plan. La nouvelle génération batave a fait carton plein en remportant ses 3 rencontres. Aussi impressionnants offensivement que l'Italie, les Pays-Bas ont toutefois bénéficié d'un groupe "facile" (Ukraine, Autriche, Macédoine du Nord). Il faudra, sans doute, un adversaire d'un autre accabit pour véritablement juger la puissance de cette équipe considérée également comme un favori.
Pays de Galles
En progrès depuis quelques années grâce au niveau des stars évoluant en Premier League (Bale, Ramsey, Allen...), les Dragons constituèrent l'équipe surprise de l'Euro 2016 (qualification pour la demi-finale), le premier de leur histoire, avant de rentrer dans le rang (absence à la Coupe du monde 2018). Finissant seconds de leur groupe derrière l'Italie, les Gallois ont déjà rempli leurs objectifs. La suite n'est que du bonus.
Autriche
La qualification pour les 8èmes n'est pas une surprise au vu des prestations et des adversaires : 1 défaite contre l'ogre batave et deux victoires courtes contre des adversaires prenables (Macédoine du Nord, Ukraine). C'est au niveau du bilan général de l'Autriche dans les grandes compétitions qu'il s'agit d'un petit événement. En Coupe du monde (7 participations, la dernière en 1998), son dernier fait d'armes est la troisième place obtenue en 1954. A l'Euro, après un quart de finale joué lors de la première édition (1960), Das Team ne s'était qualifiée que récemment (2008, 2016), ne passant pas le premier tour.
Danemark
Pour des raisons que nous avions déjà abordées, le Danemark est un miraculé du premier tour. La combinaison de sa victoire contre la Russie au 3ème match et de la victoire belge contre la Finlande, il a réussi l'exploit de finir second et se qualifier avec seulement 3 points. Au vu de l'incident de santé du premier match, la Danish Dynamite, attendue initialement à ce niveau, est déjà satisfaite de jouer les 8èmes, alors qu'elle n'avait pas participé aux éditions de 2016 et 2008 et qu'elle avait été éliminée au premier tour en 2012.
Suisse
Qualifiée après un premier tour moyen (1 victoire, 1 défaite, 1 nul), la Nati a pour objectif d'atteindre les quarts de finale. Pour cela, il faudra déjà passer les 8èmes, ce qui ne sera pas une mince affaire. Redevenue une nation solide du football depuis les années 2000 (qualification aux 4 dernières coupes du monde et à 4 Euros), elle n'a toutefois jamais passé le stade des 8èmes, s'y inclinant à 4 reprises (dont 3 fois en Coupe du monde) dont 2 aux tirs au buts. Pour passer un cap, l'objectif serait donc en effet de vaincre le signe indien.
France
Qualifiée pour les 8èmes avant son dernier match, la France, championne du monde, a réalisé un match à deux visages lors de son dernier match contre le Portugal (2-2). Solide contre l'Allemagne (1-0), chahutée par la Hongrie (1-1), elle réalise un premier tour solide mais non dénué de fragilités. Les Bleus ont toutefois terminé premiers dans un groupe relevé. Semblant moins solides qu'il y a 3 ans, ils devront relever leur niveau pour aller le plus loin possible. Entre les forfaits définitifs (Dembelé mais aussi Digne?), les joueurs peu en verve à des postes inhabituels (Tolisso, Koundé), les différents schémas tactiques, Didier Deschamps a sans doute tiré de nombreux enseignements pour la suite. Le match face à la Suisse où la France part favorite en dira plus sur sa capacité à se surpasser.
Suède
Egalement qualifiée pour les 8èmes avant son dernier match, avec 4 points au compteur, la Suède a terminé première de son groupe (3-2 contre la Pologne lors du dernier match), devant l'Espagne et sa première place lui permet de jouer un adversaire abordable, l'Ukraine. Dans la continuité du Coupe du monde 2018 réussie (accession aux quarts), la génération actuelle poursuit ses bonnes performances. Eliminés au premier tour lors des éditions 2008, 2012 et 2016, les Scandinaves ont déjà réussi leur Euro.
Angleterre
Très attendue dans cet Euro après une Coupe du monde 2018 réussie et vu son effectif de qualité (notamment l'armada offensive), évoluant dans sa grande majorité en Premier League, l'Angleterre était également qualifiée avant de jouer son dernier match. Pour finir première, elle devait l'emporter contre la Tchéquie (première à la différence de buts), ce qu'elle réussit grâce à son seul buteur actuel, Sterling. Solide en défense (0 but encaissé) mais pas encore au point dans l'animation offensive, l'Angleterre a pour objectif d'atteindre les demi-finales. Pour cela, il faudra passer l'Allemagne...
Tchéquie
La République Tchèque n'a jamais réussi à se doter d'une génération talentueuse depuis la période 1996-2004 qui avait vu Nedved et compagnie atteindre la finale de l'Euro 1996 et échouer aux portes de celle de l'Euro 2004. Elle s'est toujours qualifiée pour l'Euro depuis mais n'a jamais passé le premier tour (hormis en 2012 lorsqu'elle était battue en quart par le Portugal). Elle ne participa pas non plus aux Coupes du monde 2010, 2014 et 2018. Au vu des limites affichés, les 8èmes sont déjà une satisfaction.
Croatie
En fin de cycle (ou en renouveau, c'est selon), le vice-champion devait a minima passer le premier tour, ce qu'il a réussi non sans difficulté après une défaite d'entrée et un nul, puis une victoire lors du dernier match. Si la Croatie a perdu récemment des cadres (Mandzukic, Rakitic, Strinic, Subasic), elle en a toutefois conservé, dont de nombreux titulaires lors de la finale de 2018 (Modric, Perisic, Vida, Brozovic). La fusion avec les nouveaux talents (Vlasic, Gvardiol) tarde à prendre et les Vatreni ont immensément déçu dans le jeu. Ils défieront l'Espagne en 8èmes, dans un match qui sera probablement très animé et mettant aux prises deux styles de jeu complètement opposés.
Espagne
Difficile encore d'évaluer une Roja en reconstruction mais dont le talent demeure indéniable. L'équipe hégémonique de la période 2008-2012 a conservé son style de jeu (tenir le ballon et multiplier les passes au sol) qui s'est cassé les dents face aux équipes jouant bas (Pologne, Suède) mais a explosé la Slovaquie (5-0). On en saura plus face à une équipe croate qui laisse des espaces. Eliminés en 8èmes (Euro 2016, Coupe du monde 2018) ou avant (Coupe du monde 2014), les Ibériques doivent au moins passer les 8èmes voire les quarts.
Allemagne
Après une Coupe du monde 2018 catastrophique (les Allemands finissent derniers de leur groupe et sont éliminés au premier tour), la Mannschaft entend clairement se racheter en allant le plus loin possible. Nautralisée par la France (0-1), cartonnant le Portugal (4-2), elle a failli être éliminée par la Hongrie lors du dernier match (2-2). Cette nouvelle Allemagne semble plus performante lorsqu'elle est dos au mur. La fusion entre anciens et nouveaux semble, petit à petit, se mettre en place. Suffisant pour battre l'Angleterre? Dans ce qui s'annonce comme une rencontre intense, les deux se retrouvent dans un grand classique.
Portugal
Comme en 2016, le champion d'Europe termine la phase de poules à la 3ème place. Dominateurs puis dominés face à la France (2-2), ultraréalistes contre la Hongrie (3-0 en toute fin de match) et étrillés contre l'Allemagne (2-4), les Lusitaniens sont toujours redoutables en attaque, sans être flamboyants mais grâce à la technicité des joueurs offensifs, notamment Ronaldo, déjà auteur de 5 buts. Le mythe de la défense imprenable a volé en éclats (6 buts encaissés). Face à la Belgique, l'un des grands favoris, la bande à Ronaldo aura fort à faire...
Ukraine
Qualifiés parmi les meilleurs troisièmes avec seulement 3 points, les Bleus et jaunes ont été dominés par les Pays-Bas (2-3), bousculés par la Macédoine du Nord (2-1) puis étouffés par l'Autriche (0-1). Limités dans tous les secteurs du jeu malgré quelques valeurs sûres, ils semblent partis pour arrêter l'aventure en 8èmes. A moins de parvenir à briser le verrou suédois.
Les 8èmes de finale
Samedi 26 juin
- Pays de Galles - Danemark
- Italie - Autriche
Dimanche 27 juin
- Pays-Bas - Tchéquie
- Belgique - Portugal
Lundi 28 juin
- Croatie - Espagne
- France - Suisse
Mardi 29 juin
- Angleterre - Allemagne
- Suède - Ukraine
13:38 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : italie, pays-bas, pays de galles, euro 2020, euro 2021, france, belgique, suède, tchéquie, république tchèque, angleterre, danemark, autriche, allemagne, euro, ukraine, portugal, turquie, macédoine du nord, hongrie, slovaquie, ecosse
19/06/2021
EURO 2020 - Groupe F
L'Allemagne corrige le Portugal, la France neutralisée
Piquée au vif après sa défaite contre la France, l'Allemagne a brillé face au Portugal de Ronaldo et réalisé un récital offensif (4-2). Plus tôt, la France, maladroite et nerveuse, n'a pu venir à bout de la Hongrie (1-1). Tout reste à faire dans ce groupe avec un choc à venir entre le Portugal et la France qui pourrait être fatal pour une des deux équipes.
Une affiche entre le Portugal, tenant du titre et vainqueur de la Ligue des Nations (2019), et l'Allemagne, quadruple champion du monde et triple vainqueur de l'Euro, s'annonçait automatiquement alléchante puisque ces deux équipes ambitionnent d'aller le plus loin possible dans l'épreuve. Autre fait intéressant, depuis 1996, lusitaniens et allemands ne se sont jamais rencontrés en amical mais pas moins de 7 fois en match officiel, où le Portugal ne s'est imposé qu'une seule fois.
En effet, après deux nuls en qualifications pour la Coupe du monde 1998, la bande à Luis Figo avait écrasé une pâle Mannschaft au premier tour de l'Euro 2000 (3-0, triplé de Sergio Concecaio) dans un groupe de la mort comprenant également l'Angleterre (éliminée comme l'Allemagne) et la Roumanie. La suite fut l'étalement de l'hégémonie allemande : victoire lors de la coupe du monde 2006 (3-1, match pour la 3ème match) puis rebelote deux ans plus tard en demi-finale de l'Euro (3-2), avec un Bastian Schweinsteiger à la manoeuvre lors des deux matchs. La Mannschaft bat ensuite sur le fil la bande à Ronaldo (1-0) dans un nouveau groupe de la mort (comprenant également les Pays-Bas et le Danemark) à l'Euro 2012, avant de la ridiculiser lors du premier tour de la Coupe du monde 2014 (4-0, triplé de Thomas Müller, expulsion de Pepe).
Que s'est-il donc passé? Dans un match spectaculaire et haletant, les Allemands ont une nouvelle fois donné la leçon aux Lusitaniens (4-2). Très offensifs d'entrée de jeu, les joueurs de Joachim Löw encaissaient un but contre le cours du jeu sur une contre-attaque modèle parachevée par Ronaldo (15e). Comme si de rien n'était, la Mannschaft maintenait son rouleau compresseur qui se concrétisait par 2 buts avant la mi-temps et deux buts après. La réduction du score par le Portugal (67e) était anecdotique tant celui-ci a subi durant la rencontre. Frustrés après leur défaite contre la France (0-1), les Allemands avaient promis une réaction. Le moins que l'on puisse dire est que celle-ci a dépassé les attentes.
Dans ce groupe de la mort toujours aussi indécis, le destin a également été différent pour la France contre la Hongrie (1-1), mais dans l'autre sens. S'ils n'ont pas perdu, les Tricolores ont été menés juste avant la pause et ont du s'arracher pour égaliser par leur homme providentiel, Griezmann (66e). On le sait bien, il n'y a pas de logique de comparaison entre les rencontres. Dominant l'Allemagne qui a étrillé le Portugal qui lui-même avait largement dominé la Hongrie (3-0), la France n'a pu battre cette dernière. Fébrile, poussive et même naïve, elle a assurément été trop maladroite en attaque pour pouvoir venir à bout dans la fournaire de la Puskas Arena d'une Hongrie très appliquée et gonflée par le nationalisme exubérant de ses supporters.
C'est ce qu'on appelle une piqure de rappel pour la France qui devra montrer un visage différente pour la suite. Celle-ci se profile déjà puisque mercredi prochain, Français et Portugais s'affronteront dans ce qui ressemble à une finale du groupe. Premiers avec 4 points, les Bleus peuvent se suffire d'un match nul. Cela les qualifierait automatiquement mais ne leur assurerait pas la 1ère place si l'Allemagne (3 pts) battait la Hongrie (1 pt) qui peut également se qualifier en cas de victoire contre l'Allemagne. Si la France finissait 2ème, elle affronterait l'Angleterre en 8èmes si celle-ci finit 1ère de son groupe (elle doit pour cela battre la Tchéquie).
Si la France se qualifiait en finissant 3ème, elle affonterait le permier des Groupes C ou B. Enfin, si elle terminait 1ère, elle jouerait contre le 3ème des Groupes A, B ou C. En tout état de cause, rien n'est fait dans ce groupe et la suite s'annonce palpitante. J N
Samedi 19 juin
Portugal - Allemagne 2-4
Buts : Ronaldo (15e), Jota (67e) pour le Portugal ; Dias (35e, c.s.c), Guerreiro (39e, c.s.c), Havertz (51e), Gosens (60e) pour l'Allemagne.
Portugal : Rui Patricio - Semedo, Pepe, Dias, Guerreiro - Danilo Pereira, Carvalho (Rafa, 58e) - B. Silva (R. Sanches, 46e), B. Fernandes (Moutinho, 64e), Jota (A. Silva, 83e) - C. Ronaldo (cap.).
Allemagne : Neuer (cap.) - Ginter, Hummels (Can, 63e), Rüdiger - Kimmich, Gündoğan (Süle, 73), Kroos, Gosens (Halstenberg, 62e) - Havertz (Goretzka, 73e), Gnabry (Sané, 87e), T. Müller.
Hongrie - France 1-1
Buts : Fiola (45e+2) ; Griezmann (66e).
Hongrie : Gulacsi - Botka, Orban, A. Szalai - Nego, Kleinheisler (Lovrencsics, 84e), Nagy, Schafer (Cseri, 75e), Fiola - A. Szalai (cap.) (Nikolics, 26e), Sallai.
France : Lloris - Pavard, Varane, Kimpembe, Digne - Pogba (Tolisso, 76e), Kanté, Rabiot (Dembélé, 57e) (Lemar, 87e) - Griezmann, Benzema (Giroud, 76e), Mbappé.
Classement - Groupe F (2 matchs joués)
1. France 4 pts (+1)
2. Allemagne 3 (+1)
3. Portugal 3 (+1)
4. Hongrie 1 (-3)
21:08 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : portugal, allemagne, euro, euro 2020, euro 2021, portugal-allemagne, havertz, gosens, griezmann, ronaldo, portugal-allemagne 2-4, hongrie-france 1-1
16/06/2021
EURO 2020 - Groupe F : Allemagne - France 0-1
Rivalité franco-allemande : le vent a tourné
En s'imposant contre l'Allemagne (1-0) pour son entrée en lice dans la compétition, la France a pleinement assumé son statut de favori. Solide de bout en bout face à un adversaire toujours difficile à battre en compétition officielle, le champion du monde en titre démarre sur de bons rails. Au delà de cette dimension, il asseoit sa domination dans la rivalité footballistique franco-allemande.
Drôle de destin que celui de Mats Hummels, le défenseur allemand de la Mannschaft. En quart de finale de la Coupe du monde 2014, celui qui a fait l'aller-retour entre les clubs de Dortmund et du Bayern Munich avait permis à l'Allemagne de l'emporter face à la France (1-0), en marquant de la tête, prenant astucieusement le dessus sur Raphaël Varane. Hier, pour ce nouveau duel franco-allemand, première affiche d'un groupe de la mort comprenant également le Portugal, le roc d'un mètre 91 a été mis au supplice par les attaquants français et a même donné la victoire aux Bleus, en envoyant du tibia le ballon dans ses propres filets à la suite d'un centre appuyé de Lucas Hernandez (20e).
Ce changement de destin pour celui dont la lenteur fut manifeste et qui est sur le déclin (blacklisté par Joachim Löw en mars 2019, il est rappelé en sélection en mai dernier) est comme un révélateur d'une rivalité franco-allemande bien connue dans le football et dont la trajectoire tourne actuellement en faveur des Tricolores. N'accompagnant pas une compétition politique s'étalant sur plusieurs siècles (deux Etats issus de l'Empire carolingien, rivalité entre Bourbons et Habsbourgs, guerres napoléoniennes, Printemps des peuples de 1848, guerre franco-prussienne, occupation nazie de la France...etc), cette rivalité avait, comme on le sait, débuté après le match le plus emblématique, la fameuse demi-finale à Séville lors de la Coupe du monde 1986, palpitante de bout en bout (3-3 à l'issue des prolongations, une séance de tirs aux buts irréspirable) et marquée par l'"attentat" du gardien allemand Hararld Schumacher sur Patrick Battiston (gravement blessé), non sanctionné. L'injustice et la défaite avaient marqué les esprits français et installé un esprit de ressentiment prononcé. Heureusement, oserions-nous dire, que l'Allemagne, épuisée après cette rencontre, s'inclina en finale contre l'Italie de Paolo Rossi (1-3). En Coupe du monde, l'Allemagne venait d'égaliser avec la France, celle-ci l'ayant en effet étrillé (6-3) en Coupe du monde 1958 dans le match comptant pour la troisième place.
Quatre ans après Séville, la France retrouvait sa rivale en demi-finale de la Coupe du monde se déroulant au Mexique. Mais un brin au dessous, elle s'inclina (0-2), pour une nouvelle désillusion. Jamais deux sans trois mais il faudra attendre 28 ans pour cela et le quart de finale de 2014. C'est lors de l'Euro 2016 que la France vaincra le signe indien (comme le fit l'Allemagne durant ce même Euro en venant à bout de l'Italie en quart de finale) dans ses confrontations officielles avec ce qui était devenu l'ennemi juré. Grâce à un doublé (dont un penalty) d'Antoine Griezmann, elle battait le champion du monde en titre grâce à un match plus réaliste (2-0).
Les deux équipes se sont ensuite retrouvées deux fois durant la version 2018-2019 de la Ligue des nations pour une victoire française (2-1) et un clean sheet à Munich (0-0). C'est donc cette tendance-là qui vient de se confirmer (même si les Bleus restent sur trois échecs en Coupe du monde), avec une nouvelle victoire, également à Munich, ce qui rend d'autant plus marquant cette hégémonie. Solide et rigoureuse, équilibrée et solidaire, l'équipe de Didier Deschamps a su subir sans encaisser de buts lorsque les assauts allemands se multiplaient en seconde mi-temps. Gagnant la bataille du milieu (impressionnant Pogba, désigné homme du match), elle a eu le coup de pouce lui permettant de prendre l'avantage (mais elle a également touché le poteau et aurait du bénéficier d'un penalty pour une faute de ce même Hummels sur Mbappé à un quart d'heure de la fin). Côté allemand, la frustration des uns (Rüdiger qui tente de mordre Pogba! Geste antisportif qui échappa à l'arbitre) et des autres (Kimmich jugeant que son équipe a mieu joué) en dit long sur l'enjeu de cette rencontre entre deux favoris pour la victoire finale et l'atmosphère compétitive entre ces deux grandes nations du football, perpétuée au fil des décennies.
Force est de constater que la France reste désormais sur 4 matchs officiels sans défaite contre l'Allemagne (voir ci-dessous). Le vent a tourné et il est certain que la prochaine rencontre officielle entre les deux sera tout aussi engagée, avec notamment un esprit revanchard outre-Rhin (avec 11 victoires sur 24 confrontations, pour 7 défaites, la France domine également le bilan des matchs amicaux). Reste qu'en termes de trophées, la Mannschaft domine largement (4 Coupes du mondes, 3 Euros) son adversaire du soir (2 Coupes du monde, 2 Euros) qui doit remporter cet Euro pour se rapprocher de ses statistiques impressionnantes.
Une victoire et un clean sheet permet à la France de débuter cet Euro de la meilleure façon et d'assumer son statut de champion du monde en titre et de grand favori pour la victoire finale. En perte de vitesse depuis son sacre mondial de 2014, l'Allemagne constitue encore une énigme. N'oublions pas qu'elle remporta la Coupe du monde 1974 contre les Pays-Bas, grands favoris, malgré des conflits au sein du vestiaire et du staff et une défaite au premier tour (0-1 contre la RDA...). Son match prochain contre le Portugal - vainqueur (3-0) de la Hongrie - et autre prétendant au titre - en dira plus long sur les possibilités de son parcours.
J N
Confrontations officielles entre la France et l'Allemagne
- 2021 : France - Allemagne 1-0 (Euro 2020)
- Octobre 2018 : France - Allemagne 2-1 (Ligue des Nations)
- Septembre 2018 : Allemagne - France 0-0 (Ligue des Nations)
- Juillet 2016 : Allemagne - France 0-2 (Euro 2016)
- Juillet 2014 : France - Allemagne 0-1 (Coupe du monde 2014)
- Juin 1986 : France - RFA 0-2 (Coupe du monde 1986)
- Juillet 1982 : RFA - France 3-3 (ap.) - tirs aux buts (Coupe du monde 1982)
- Juin 1958 : France - RFA 6-3 (Coupe du monde 1958)
Mardi 15 juin (Munich) : France - Allemagne 1-0
But : Hummels (20e c.s.c)
France : Lloris (cap.) - Pavard, Varane, Kimpembe, L. Hernandez - Pogba, Kanté, Rabiot (Dembélé, 90e) - Griezmann, Benzema (Tolisso, 89e), Mbappé.
Allemagne : Neuer (cap.) - Ginter (Can, 87e), Hummels, Rüdiger - Kimmich, Gündoğan, Kroos, Gosens (Volland, 87e) - Müller, Gnabry (Werner, 73e), Havertz (Sané, 74e).
Classement Groupe F
1. Portugal 3 pts (+3)
2. France 3 (+1)
3. Allemagne 0 (-1)
4. Hongrie 0 (-3)
07:00 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro 2020, euro 2021, rivalité entre la france et l'allemagne en football, france, allemagne, hummels, mbappé, lucas hernandez, séville, munich, didier deschamps, rivalité franco-allemande, euro, rivalité footballistique, rivalité footballistique entre la france et l'allemagne
21/07/2020
Greyhound
Nous sommes quelque peu étonnés de constater qu'en 2020, il y a encore des productions cinématographiques dépeignant à la fois l'armée américaine comme un parangon de l'ethique au combat et des règles de la guerre, et l'armée allemande (en l'occurence ici, la Kriegsmarine) comme l'émanation totale de satan (et autres repoussoirs). Greyhound devait initialement sortir en salles le 12 juillet 2020 mais cette date fut repoussée en raison de la pandémie de Covid-19. Entretemps, Apple rachetait les droits à Sony Pictures et diffusait le film le 10 juillet dernier sur son service de streaming Apple TV+. Bien s'en est fallu car ceux qui se seraient rendu au cinéma en auraient eu pour leur argent tant cette production annoncée prometteuse ne valait pas le détour.
A la manoeuvre, Tom Hanks en capitaine de frégate. Décidément, l'acteur fétiche de Spielberg n'en finit plus de jouer les héros (Captain Philips, Bridge of Spies, Sully...etc), cette espèce tant convoitée par le public américain. Cette histoire fictive se déroule en 1942, soit au début de l'intervention américaine dans le second conflit mondial (1). Dans le contexte de la Bataille de l'Atlantique (2), l'USS Keeling (nom de code radio Greyhound), escortant un groupe de navires, doit rejoindre les côtes anglaises. Sur le chemin et en pleine tempête, il doit affronter les terribles U-Boot allemands, immortalisés par le film culte de Wolfgang Petersen (3) et dépeints en Occident comme d'affreuses créatures depuis le torpillage du Lusitania en 1916. Ce chassé-croisé mettra donc aux prises de braves et irréprochables soldats américains et des soldats allemands abjects ("nous vous tuerons tous ainsi que vos femmes", un loup menaçant dessiné sur un sous-marin allemand), avec pour résultats quatre sous-marins coulés par un destroyer dirigé par un novice (excusez du peu) et qui ne perdra que quelques hommes...
C'est ce scénario pauvre, archétype du cinéma américain bien-pensant, qui est venu s'intercaler entre deux prières du capitaine courage (autre célèbre cliché). L'ensemble se termine fort logiquement par un hommage aux 72200 "âmes perdues pour toujours" dans la Bataille de l'Atlantique (3500 navires coulés). Qu'avons-nous donc appris ou découvert hormis des séquences technico-tactiques pertinentes et de beaux plans guerriers? Pas grand chose. J. N
Greyhound (Aaron Schneider, 2020, USA, 90 min)
Cast: Tom Hanks, Stephen Graham, Elisabeth Shue, Matt Helm, Craig Tate, Rob Morgan, Travis Quentin.
(1) L'attaque japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor survient le 7 décembre 1941.
(2) L'expression dont on doit la parenté à Winston Churchill désigne l'ensemble des combats qui ont eu lieu dans l'Atalntique-nord durant la Seconde guerre mondiale, du 3 septembre 1939 au 8 mai 1945.
(3) Das Boot (1981).
14:06 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etats-unis, allemagne nazie, allemagne, tom hanks, bataille de l'atlantique, stephen graham, seconde guerre mondiale, sous-marin, aaron schneider, u-boot, elisabeth shue, guerre, kriegsmarine, apple tv+, apple