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28/04/2021
The Falcon and the Winter Soldier
Après la Sorcière Rouge et Vision, et avant Loki en juin-juillet prochain (vu la fourberie/maladresse du personnage, on risque de bien rigoler), place au Faucon et au Soldat de l'Hiver. Le récit est une suite directe du troisième volet des Vengeurs (Avengers: End Game, 2019). Tandis que le monde tente de se reconstruire après le feu d'artifice subi précédemment, Bucky (première apparation BD dans Captain America n°1, mars 1941), orphelin de son meilleur ami Captain America, a été gracié et suit un traitement psychiatrique. Il faut rappeler ici qu'après avoir été présumé mort suite à une opération commando menée contre Crâne Rouge et ses néo-nazis (Captain America: First Avenger, 2011), il avait en fait été "récupéré" par la nébuleuse HYDRA et transformé en assassin redoutable (Captain America: The Winter Soldier, 2014).
Bucky va se rabbatre sur Falcon (Le Faucon), un autre rescapé des Vengeurs et également ancien partenaire de longue date de Cap America (première apparation dans Captain America n° 117, septembre 1969). Tout en devant composer avec John Walker, le nouveau Captain America qui ne semble pas être digne de ce nouveau rôle, les deux nouveaux acolytes doivent contrecarrer les plans nihilistes des Flag-Smashers, sorte d'organisation terroriste constituée de pseudo-altermondialistes frustrés, qui en veulent à la planète entière. Pour cela, il faut libérer le maléfique Baron Zemo.... Constat : c'est beaucoup plus classique que WandaVision et on retourne ici au conventionnel. Cette première saison est en fait l'équivalent de deux films qui succèdent au dernier Avengers de 2019. Du dynamisme permanent et de la castagne spectaculaire, sur fond de dimension politique (et un clin d'oeil subtil au Black Lives Matter) et d'atmosphère conspirationniste.
Rien de nouveau ou de transcendant par conséquent. Disney a tout simplement repris la suite de la saga. Quelques consolations : on découvre mieux l'univers des deux principaux protagonistes dont le traitement psychologique est logiquement plus aiguisé que dans Avengers, et on aime bien aussi bien les acteurs (Sebastian Stan et Daniel Brühl) que les personnages (torturé/machiavélique) qu'ils campent. J N
The Falcon and the Winter Soldier
(Saison 1 - 6 épisodes de 49-60 min diffusés du 19 mars au 23 avril 2021)
Production : Disney+
Créateur : Malcolm Spellman
Réalisateur : Kari Skogland
Cast : Sebastian Stan, Anthony Mackie, Wyatt Russell, Daniel Brühl, Erin Kellyman, Desmond Chiam, Emily VanCamp.
12:42 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : disney+, the falcon and the winter soldier, sebastian stan, winter soldier, the falcon, falcon, le faucon, bucky, bucky barnes, marvel, univers marvel, avengers, vengeurs, baron zemo
24/04/2021
The Mystery of D.B. Cooper
Les Etats-Unis et leurs affaires rocambolesques... En plus d'être le pays spécialisé en tueurs en série (et concentrant également 25% de la population carcérale mondiale), la première puissance au monde a également son nombre élevé de pirates de l'air. Celui-ci a la double particularité de n'avoir pas été appréhendé et de n'avoir pas donné de signe de vie ou de mort par la suite. L'Affaire D.B. Cooper est par conséquent la seule affaire de piratage d'avion aux Etats-Unis non résolue, dossier abandonné officiellement par le FBI le 12 juillet 2016.
Le documentaire nous a par ailleurs rappelé The Assassination of Richard Nixon (2004) qui relatait un fait similaire, la tentative de détournement d'un avion à l'aéroport de Baltymore-Washington par Samuel Byck (Sean Penn) qui avait pour objectif de le faire s'écraser sur la Maison-Blanche. Dans le film, le protagoniste fut abattu par la police. Dans l'histoire réelle, il se suicida, constatant l'échec de sa tentative. L'affaire D.B. Cooper débutait le 24 novembre 1971 à 16h35 lorsqu'un homme à bord du vol 305 d'un Boeing 727-051 décollant de Portland menaçait de faire sauter une bombe se trouvant dans sa malette. Ayant obtenu gain de cause (200.000 dollars US et 4 parachutes), il relachait les passagers à 17h45 à l'aéroport de Seattle (la destination originellement prévue). A 19h45, il ordonnait à l'équipage de prendre la direction de Mexico mais sautait en parachute en début de trajet (vers 20h11 et au dessus de la région de Portland, dans l'Etat de Washington d'après les autorités américaines). Et puis plus rien, aucune trace de Dan Cooper...
Ce documentaire HBO Max revient donc sur l'affaire, reconstituant le déroulement du piratage de l'avion, et avec pour point focal la question suivante : qui aurait pu être D.B. Cooper? Pour cela, sont examinés les cas de quelques suspects potentiels (les plus plausibles) : Richard McCoy, Duane Weber, John List et Barbara Dayton (leur histoire, leur profil, des interviews de proches...etc.). Finalement, on n'est pas plus avancé que cela. Si certains suspects pencheraient plus que d'autres pour être Cooper (au vu des éléments avancés), rien n'est moins sûr puisque c'est bien connu, dans la vie, les choses ne sont, souvent, pas ce qu'elles semblent être et par conséquent, D.B. Cooper pourrait être n'importe qui. In fine, hormis proposer une réflexion sur un crime non élucidé (et qui ne le sera problablement jamais), le documentaire n'apporte rien de bien incisif. C'est là que selon un article du site Roger Ebert, le docu s'est éloigné de sa mission initiale qui aurait du être de se poser la question suivante : pourquoi cette histoire fascine tellement aux Etats-Unis?
Pour preuve, D.B. Cooper fait partie depuis un moment déjà de la culture populaire (musique, romans, bandes dessinées, références ou clins d'oeil au personnage dans plusieurs séries TV, notamment Prison Break, Twin Peaks, Breaking Bad...). Il aurait sans doute été intéressant de croiser ce thème à l'angle d'attaque précédemment cité. Ou tout simplement, l'histoire fascine en raison du mystère qui persiste... J N
The Mystery of D.B. Cooper (John Dower, USA, 2020, 85 min)
- 1 nomination (Grand Prix du Jury) - Nashville Film Festival 2020
08:59 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hbo, the mystery of d.b. cooper, hbo max, pirate de l'air, etats-unis, d.b. cooper, dan cooper
23/04/2021
Tver
Retour aux drapeaux russes et ce qu'on a appelé des "bizarreries". Pour avoir une idée sur cette large palette que nous avons déjà exposée, il suffit de cliquer sur le tag "drapeau russe". Ceux de Chimanovsk, Kineshma et Chouïa valent le détour. Ici, il s'agit de la ville de Tver, capitale de l'oblast (région) portant le même nom. Ce sujet fédéral de Russie, situé au nord-ouest (voir ci-dessous) fut fondé le 29 janvier 1935 (84201 km²). La ville de Tver (fondée en 1125 ; 416442 hab.) a la particularité d'abriter une église catholique (Eglise de la Transfiguration du Seigneur). Durant la Seconde Guerre mondiale, elle fut occupée durant deux mois (octobre-décembre 1941) par la Wehrmacht.
Qu'en est-il de ce symbole au centre? Ce qui nous semblait être une sorte de table basse (ou de tabouret) est en fait une chaise... La description héraldique de ces armoiries adit en effet : "Dans un champ écarlate, sur une chaîse d'or recouverte de vert, sur un oreiller, une couronne dorée avec cinq dents visibles en forme de feuille". Il s'agirait d'un blason historique approuvé par Catherine II en octobre 1780. Bref... Dessiné par V. I. Lavrenov, le drapeau (proportions 2:3) a été officiellement adopté le 25 mai 1999. J N
14:47 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau russe, drapeau tver, tver, oblast de tver, drapeau de tver, russie, catherine ii
19/04/2021
WandaVision
Comprendre d'abord la frénésie Disney/Marvel. Créé en 1939, Marvel Entertainment (l'éditeur des Marvel Comics) devient une filiale de la Walt Disney Company en 2009. Conséquence : Marvel Studios (qui appartient à Marvel Entertainment) est rattaché au Walt Disney Motion Pictures Group (tout en préservant sa liberté artistique). Après les productions distribuées par Paramount Pictures (les deux premiers Iron Man, Thor, Captain America: First Avenger, et Avengers) et Universal Studios (The Incredible Hulk, 2008), la suite des films consacrés aux personnages et à l'univers Marvel (Avengers, Gardians of the Galaxy) passe sous distribution Walt Disney Studios hormis le troisième renouveau de Spider-Man (le personnage appartient à Sony Pictures tout comme les X-Men).
Afin de concurrencer les autres services de streaming (où Netflix a établi son hégémonie depuis un bon moment déjà), la Walt Disney Company lance le 12 novembre 2019 sa propre plateforme (Disney+) alors qu'Amazon l'a déjà établi en 2016 (Prime Video) et que vont suivre Apple TV+ (2019) et HBO Max (2020). Résultat : Disney va donc pouvoir s'en donner à coeur joie et faire le bonheur des aficionados de l'univers Marvel, en proposant notamment des suites narratives à cette saga terminée il y a deux ans (Captain America et Iron Man ne sont plus). Disney prend donc le relais d'ABC (Agents of S.H.I.E.L.D, Agent Carter, Inhumans) et Netflix (Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron First, The Punisher et The Defenders) dont les séries produites l'étaient déjà en partenariat avec Marvel Television (la section TV de Marvel Entertainement), créée par Disney en 2010, intégrée à Marvel Studios en octobre 2019 mais finalement dissoute en décembre 2019. Wandavision n'est que le début. Est déja en cours The Falcon and the Winter Soldier (dernier épisode à paraître dans quelques jours), en attendant Loki (juin 2021), l'uchronie "What if..." (2021) puis She-Hulk et Hawkeye, tous deux prévus pour la fin de l'année.
Quant à la mini-série en soit, elle tourne bien entendu autour du couple le plus atypique et célèbre des Vengeurs, soit Scarlet Witch (La sorcière rouge - première apparition dans X-Men n°4, mars 1964) et Vision (Avengers n°57, octobre 1968). Fille de Magneto, Wanda Maximoff est capable de créer des poches d'énergie afin d'altérer la réalité. Créé par Ultron, l'ennemi robotique des Vengeurs, Vision est un synthozoïde (être synthétique au coeur humain) possédant une force et endurance surhumaine. Le joyau sur son front lance des décharges d'énergie solaire et il peut se matérialiser en partie à l'intérieur de quelqu'un, lui infligeant une douleur intense. La série est en fait un mélange entre le style classique des sitcoms et l'univers cinématrographique Marvel, où la gravité va progressivement prendre le dessus sur l'atmosphère insouciante des banlieues cossues américaines. C'est là où sont installés les deux protagonistes (dans la B.D,à Leonia, dans le New Jersey), constatant que dans cet espace idéalisé, les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être.
Originale et atypique sont les premiers adjectifs qui ressortent pour qualifier WandaVision. Elle est beaucoup de choses à la fois : hommage à la sitcom oldschool et à l'âge d'or de la télévision, dosage réussi entre le drôle et le criseux, navigation entre les époques et bien entendu l'apport en matière d'épaisseur à des personnages qu'on a vu uniquement comme des seconds couteaux au cinéma. Difficile de faire original dans l'univers TV de Marvel. Avec notre coup de coeur Legion (2017-2019), produite par l'excellente FX (et Marvel Television), cette série étonnante est la seule à réussir cette prouesse. J N, M I
WandaVision
(9 épisodes de 29-49 min diffusées du 15 janvier au 9 janvier 2021)
Production : Disney+
Créateur : Jac Schaeffer
Cast : Elizabeth Olsen, Paul Bettany, Teyonah Parris, Kathryn Hahn, Selena Anduze, David Payton, Josh Stamberg
17:06 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : univers marvel, univers cinématographique marvel, wandavision, wanda maximoff, vision, scarlet witch, disney, disney+, marvel studios, marvel entertainment, streaming, avengers, vengeurs, jac schaeffer, marvel comics
18/04/2021
Lost in La Mancha
Les documentaires constituant un making-off d'un long-métrage ne se comptent pas. Celui-ci - une fois n'est pas coutume - relate le ratage monumental d'une production. L'occasion pour nous de revenir sur Terry Gilliam (1940 - ), un réalisateur que nous apprécions particulièrement mais qui a été considéré en 2009 comme le réalisateur le plus malchanceux du monde du cinéma, suite au décès de Heath Ledger durant le tournage de The Imaginarium of Doctor Parnassus (le "joker" le plus célèbre en était l'acteur principal).
C'est qu'entretemps, le réalisateur décalé n'en était pas à son premier déboire. Allégories sombres et dystopiques d'une société en déliquescence, surréalistes et déjantés à souhait, ces films ne sont pas toujours évidents à tourner. En 1987, le tournage de The Adventures of Baron Munchhausen est en dépassement de budget et le film est un échec commercial. Les années 1990 sont par contre une grande réussite, avec The Fisher King (1990, Lion d'argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise), 12 monkeys (1995, en compétition officielle au Festival de Berlin) et Fear and Loathing in Las Vegas (1998, en compétition officielle au Festival de Cannes). La suite beaucou moins. Alternance vers le grand public, The Brothers Grimm (2002) est un échec critique et commercial (et sa sortie est plusieurs fois retardée), tout comme l'intimiste et glauque Tideland (2005). Après Parnassus, succès critique mais à nouveau échec commercial, Gilliam réalise The Zero Theorem (2013, mention spéciale à Venise), oeuvre de science-fiction mélangeant questionnement métaphysique et dystopie cyberpunk. Le tournage du également être reporté pour que Gilliam puisse se consacrer à la promotion du film précédent et relancer l'initiative Don Quichotte.
C'est justement ce projet qu'aborde le documentaire. Les aventures de Don Quichotte étaient depuis longtemps un sujet cher à Terry Gilliam qui lança le projet en 1999 mais les premiers tournages sont catastrophiques : Jean Rochefort (l'acteur principal) tombe malade (ce qui reporte le tournage à plusieurs reprises), lieu de tournage innaproprié (une base aérienne militaire à proximité notamment), tempête détruisant les décors...etc. C'est sur cette première période de tournage raté (1996-2000), que revient donc ce documentaire qui est diffusé en 2002. Suivront d'autres tentatives qui aboutiront in fine à la réalisation de The Man Who Killed Don Quixote en 2018 (3 prix Goyas "techniques"). Au moment de sa sortie, Lost in La Mancha était donc un documentaire sur un film qui n'a jamais existé, chronique d'un désastre annoncé. Original. J N
Lost in La Mancha (Keith Fulton, Louis Pepe, USA/UK, 2002, 93 min)
Filmographie de Terry Gilliam
- 2018 : The Man who Killed Don Quixote
- 2013 : Zero Theorem
- 2009 : The Imaginarium of Doctor Parnassus
- 2005 : Tideland
- 2005 : The Brothers Grimm
- 1998 : Fear and Loathing in Las Vegas
- 1995 : Twelve Monkeys
- 1991 : The Fisher King
- 1987 : The Adventures of Baron Munchausen
- 1985 : Brazil
- 1981 : Time Bandits
- 1977 : Jabberwocky
- 1975 : Monty Python and the Holy Grail
15/04/2021
Michigan
Le 26ème Etat américain à avoir rejoint l'Union (26 janvier 1837) a la particularité d'être presque entièrement entouré par les Grands Lacs qui forment une frontière naturelle avec le Canada, soit le lac Supérieur (nord), le lac Michigan (ouest) et les lacs Huro et Erié (est). Il est également bordé au sud par les Etats de l'Indiana et de l'Ohio (voir carte ci-dessous). Berceau du secteur automomobile américain, le Michigan connait son âge d'or industriel au début du XXème siècle, grâce notamment à Ford (implanté dans la région de Detriot). Il subit de plein fouet la crise économique des années 1980 et est en récession économique régulièrement depuis (la ville de Detroit fait faillite au début des années 2010 et le chomâge est un des plus élevés par Etat américain).
De tradition progressiste (il est le premier - et longtemps le seul - Etat à abolir la peine de mort, en 1846), le Michigan a toutefois également eu ses affaires sordides de ségrégation raciale dont deux célèbres survenues à Detroit : des émeutes en 1943 (34 morts) et la Rébellion de 1967 (ou "émeute de la 12ème rue"), événement durant lequel des policiers blancs terorrisent les clients noirs (3 morts) du motel Algiers (scandale demeuré impuni et porté à l'écran en 2017 par la réalisatrice Kathryn Bigelow).
A l'instar des nombreux drapeaux d'Etats des Etats-Unis que nous avons nommés "drapeau bleu des Etats-Unis", celui-ci est fortement chargé au centre mais ne comporte ni la date de l'adhésion à l'Union, généralement placée au dessous du sceau (Wisconsin, Delaware), ni le nom de l'Etat, placé au dessus (Oregon), au dessous (Kansas) ou à l'intérieur du sceau (Kentucky). Les armoiries comprennent au centre un bouclier bleu ciel. On y voit le soleil se lever au-dessus d'une péninsule et d'un lac. L'homme levant une main et tenant dans l'autre un fusil représente la paix (encore les paradoxes américains) et le droit de défendre l'Etat et la nation. Au dessus du bouclier, un pygargue à tête blanche (rapace vivant en Amérique du Nord) symbolise les Etats-Unis (il figure également sur d'autres drapeaux américains, notamment au centre de celui de Pennsylvanie). Le wapiti et l'élan sont les animaux emblématiques du Michigan.
Trois devises en latin apparaissent :
- Sur le ruban rouge : E Pluribus Unum ("De plusieurs un").
- Sur le bouclier : Tuebor ("Je défendrai").
- Sur le ruban blanc : Si Quaeris Peinsulam Amoenam Circumspice ("Si tu cherches une péninsule plaisante, regarde autour de toi" - devise officielle de l'Etat).
De proportions 2:3, le drapeau fut officiellement adopté le 1er août 1911. J N
23:36 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michigan, grands lacs, etats-unis, drapeau bleu des etats-unis, drapeau du michigan, drapeau michigan, detroit, kathryn bigelow, wapiti, élan, pygargue, pygargue à tête blanche
12/04/2021
Les Fantômes du roi Léopold
Il est évident que nous avions une idée - en tant qu'historien de formation - de la "mise en esclavage" effectuée au Congo (l'actuelle République Démocratique du Congo - ou Congo-Kinshasa) à la fin du XIXème siècle par les autorités bélges. Nous n'imaginions pas, par contre, l'ampleur de cette colonisation hyper repressive dont l'unique objectif était bien évidemment l'enrichissement personnel du roi belge de l'époque, Léopold II (1835-1909), désirant rehauser le statut de puissance de la Belgique à un moment où les autres puissances européennes (notamment britanniques et françaises) faisaient la course à la colonisation de l'Afrique.
Dans ce qui deviendra un best-seller, l'historien, écrivain et reporter américain Adam Hochschild (1942 - ) décortique les crimes coloniaux commis par la Belgique au Congo, c'est-à-dire la réduction en esclavage (accompagnée de mutilations, sévices en tous genres et exécutions sommaires) d'une large population assignée à exploiter les ressources naturelles, notamment le caoutchouc dont l'expédition à Bruxelles servira à renforcer la puissance économique de la Belgique. Cette politique systématique se met en place dans le territoire actuel de la RDC, annexé à titre personnel par Léopold II et devenant l'"Etat indépendant du Congo" (1885-1908).
En parallèle de ce tableau dressant les horreurs infligées aux autochtones, Hochschild raconte l'histoire de ces (anti)héros qui brisèrent le silence et osèrent dénoncer cette colonisation acceptée en Occident au nom de l'exportation de la civilisation : missionnaires, écrivains, avocats, diplomates dont l'action courageuse entraînera le premier mouvement international de défense des droits de l'homme, prémisse de la fondation de futures associations luttant pour les droits de l'homme.
Vu le statut de l'ouvrage (traduit en plusieurs langues), celui-ci a fort logiquement été examiné par de nombreux historiens et académiciens, certains pointant des raccourcis fallacieux et d'autres des erreurs factuelles. Le principal point de discorde concerne le nombre de morts et il est reproché à l'auteur des approximations démographiques. C'est la question la plus problématique car avancer tel ou tel chiffre mène obligatoirement - lorsqu'il y a massacre d'une population spécifique - à aborder les questions de nettoyage ethnique, crime contre l'humanité et génocide. Dans ce sens, certains reprochent à Hochshild qui avance le chiffre de 10 millions de morts un "tour de passe-passe statistique". C'est le principal bémol de l'ouvrage car il impossible d'estimer le nombre de personnes massacrées vu que l'estimation de la population totale du Congo à l'époque ne met personne d'accord. Quant aux morts, les chiffres avancés vont - selon les auteurs des recherches - de 3 millions à 30 millions.
Pour sa part, Hochshild n'hésite pas à parler de génocide, affirmant qu'il "acquit la conviction que le nombre de morts ayant décimé le Congo au siècle dernier était comparable à celui de l'Holocauste" (p. 17). La comparaison est dangereuse et un peu rapide pour la raison déjà évoquée (l'impossibilité de chiffrer la population de l'époque et le nombre de morts) mais également en ce qui concerne la nature du génocide. Celui-ci est défini comme "un crime consistant en l'élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique, ou encore religieux, en tant que tel". Il faut donc prouver qu'il y avait une intention politique (mais également un système planifié et appliqué de manière systémique) d'éradiquer une population. Or, il semblerait que cette politique léopoldienne - toute effroyable qu'elle fut et à juste titre condamnable - avait pour objectif l'enrichissement et son corrolaire la répression. Dans cette optique, l'historienne britannique Barbara Emerson affirme : "Léopold n'a pas fait un génocide. Il était avant tout avide de richesse".
L'utilisation abusive du terme 'génocide' doit expliquer que le premier sous-titre français de l'ouvrage (l'édition de 1998), "Un holocauste oublié", ait été modifié en 2007 en une déclaration moins "radicale" ("La terreur coloniale").
Il n'en reste pas moins que génocide ou pas, l'ouvrage jette une lueur crue et lucide sur les atrocités commises par les colonisateurs belges (et autres) en Afrique, au nom de valeurs civilisationnelles, inspirées des Lumières... A lire absolument. J N
Adam Hochshild, Les Fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l'Etat du Congo 1884-1908, Paris, Editions Tallandier, Texto, 2019 (2007), 618 p. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claude Elsen et Frank Straschitz.
10/04/2021
Wu-Tang: An American Saga
Fallait bien une fiction sur notre groupe de Hip Hop préféré, le Wu Tang Clan, considéré par le site About.com comme "le meilleur groupe de hip-hop de tous les temps" ou par le magazine musical britannique New Musical Express (NME) comme le groupe musical "le plus influent de ces dix dernières années". Créé à New York en 1992, le groupe comprendra jusqu'à 10 membres (Ol' Dirty Bastard décèdera en 2004), tous originaires de Brooklyn et Staten Island. A l'origine de la formation de ce collectif, un homme (qui en deviendra également le producteur), Robert Diggs aka RZA. C'est lui qui choisira le nom du groupe, s'inspirant d'un film d'arts martiaux hongkongais de 1983 (Shaolin vs Wu Tang).
En pleine épidémie de crack à New York, "Bobby" Digs, DJ à ses heures, aspire à un avenir meilleur. Persévérant et visionnaire, il se bat sans relache afin de faire son trou dans le milieu difficile du hip hop newyorkais et va réussir à réunir une bande de lascars partagés entre la musique et le crime, et mettre en orbite la plus improbable "success story" musicale de tous les temps. Sans clichés, fan-service et autres ficelles narratives, le récit sur fond de constat social afro-américain désolant raconte lucidement la sortie du fond du sac de bonhommes voués à demeurer dans la misère socio-économique. Créateur de la déroutante The Handmaid's Tale, Hulu affectionne les drames sociaux (A Teacher, Mrs America, High Fidelity). Celui-ci en est un. Nous attendons avec impatience une saison 2 annoncée depuis janvier 2020. J N
Wu-Tang: An American Saga
(Saison 1 diffusée en sept-oct 2019)
Production : Hulu
Créateurs : RZA, Alex Tse
Cast : Ashton Sanders, Shameik Moore, Siddiq Saunderson, Julian Elijah Martinez, Marcus Callender, Erika Alexander, Zolee Griggs.
15:26 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hulu, hip-hop, wu-tang, wu-tang clan, bobby diggs, rza, robert diggs, new york, épidémie de crack, wu-tang: an american saga
07/04/2021
After Truth
Ou "après la vérité". Un documentaire sur les fake news vu il y a quelques mois et paru sur HBO en mars 2020. Nous avons l'habitude, dans notre enseignement de la spécialité en Première (Histoire-Géographie-Géopolitique-Science Politique) d'accompagner notre propos d'une affiche de film ou documentaire (vu bien entendu). Le chapitre "L'information à l'heure d'Internet" (Thème 4 - S'informer : un regard critique sur les sources et modes de communication) est très propice à cette pratique vu qu'il aborde dans sa section sur internet la question des lanceurs d'alerte, thème devenu à la mode à Hollywood, et le problème de la généralisation sur le web du complotisme et des fake news.
Abordant ce troisème thème, nous disions que "l'absence de contrôle et la rapidité de diffusion des informations sur les réseaux sociaux sont propices à la généralisation des fake news (information manipulée ou créée de toutes pièces, généralement avec un objectif de nuisance). Elles portent très généralement sur des sujets polémiques (politique, finance, immigration, guerre, terrorisme), touchent des millions d’internautes et sèment parfois le doute dans l’opinion publique. Tout individu maîtrisant les réseaux sociaux peut être à l’origine de fausses informations. Certains Etats en diffusent également à des fins propagandistes. La capacité des fausses nouvelles à induire en erreur entraîne une perception erronée de la vérité et, conséquemment, des jugements erronés relativement à des événements, actions et situations". L'adjonction de l'affiche du film avait pour but de faire le lien avec le paragraphe suivant :
"Face à la multiplication de fausses informations et à l’heure de la « post-vérité », des outils de décodage ont fait leur apparition. Le fact checking (procédure qui consiste à vérifier la fiabilité d’une information) s’est généralisé à partir d’initiatives journalistiques".
L'idée était de faire comprendre que nous sommes actuellement dans ce phénomène sociopolitique de "post-vérité", définie dans le manuel scolaire de manière simplifiée comme une "situation dans laquelle il est donné plus d'importance aux émotions et aux opinions qu'à la réalité des faits". Apparu selon certaines sources au début des années 2000 et selon d'autres dès 1992, ce néologisme désigne "une culture politique au sein de laquelle les leaders politiques orientent les débats vers l'émotion en usant abondamment d'éléments de langage et en ignorant (ou en faisant mine d'ignorer) les faits et la nécessité d'y soumettre leur argumentation, ceci à des fins électorales".
Le problème aujourd'hui est que cette tendance ("être dans la post-vérité") touche un large éventail de personnes alors que les réseaux sociaux (la partie de la leçon sur internet concerne précisément ces réseaux sociaux) encourage cela en raison de leur large dimension émotionnelle en ce qui concerne la diffusion d'informations (un post est souvent accompagné d'un émoji...). Bref, on espère que cette leçon aura fait réflechir nos élèves. Il est certain par ailleurs qu'il est impératif de lutter contre ce phénomène mais à l'heure où le lien social est affaibli un peu partout et sachant que les humains dans leur majorité n'ont jamais été performants en matière de discernement et de recul, la tendance ne devrait pas faiblir. Quant au documentaire, centré sur ce qu'il se passe aux Etats-Unis, il examine certaines théories du complot locales et des affaires célèbres de fake news (comme le Pizzagate), rappelant (propos de notre leçon également) que fake news et complotisme ne sont pas récents mais sont considérablement amplifiés par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. J N
After Truth: Disinformation and the Cost of Fake News (Andrew Rossi, USA, 2020, 95 min)
20:17 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fake news, complotisme, médias, post-vérité, after truth, hbo, lanceur d'alerte, théorie du complot, pizzagate
06/04/2021
Sot
"Le sot a un grand avantage sur l'homme d'esprit : il est toujours content de lui-même"
Napoléon 1er (1769-1821)
17:49 Publié dans Citation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sot, sottise, napoléon 1er, napoléon bonaparte