27/07/2014
Marley
Ce qui est intéressant avec Kevin MacDonald est qu'entre ses quelques longs-métrages plus ou moins solides mais conventionnels (1), il parvient toujours à concocter un documentaire incisif, soit One day in September (1999), retour sur la tuerie des Jeux Olympiques de 1972 (2), Touching the Void (2003), retraçant la journée périlleuse de deux alpinistes escaladant les Andes péruviennes, My enemy's enemy (2007), biopic du tortionnaire nazi Klaus Barbie (3), ou encore ici, comme le titre l'indique, un retour sur la vie et l'héritage de l'icône du reggae, Bob Marley.
Si on ne compte plus les documentaires sur l’icône jamaïcaine (4), Kevin MacDonald a toutefois apporté une innovation. Il a en effet eu accès à des archives privées, dévoilées pour la première fois par la famille du défunt artiste. Considérant qu'il y avait encore beaucoup à dire sur cette figure emblématique, le réalisateur écossais a également passé non moins de quatorze mois pour retrouver toutes les personnes qu'il souhaitait interviewer (une centaine de personnes interrogées au total). A travers documents et témoignages, il est parvenu à dresser un portrait complet et à effectuer une réflexion incisive sur le personnage, sans oublier les côtés obscurs de celui-ci. Constitué d'images inédites, rythmé par des séquences musicales époustouflantes, ce documentaire dont la portée dépasse largement la dimension musicale, est incontournable pour qui désire comprendre avec acuité le phénomène Bob Marley. D A, J N
Marley (Kevin MacDonald, USA, 2012, 144 min). Avec Bob Marley, Ziggy Marley, Cedella Marley, Jimmy Cliff, Rita Marley.
- 1 nomination (meilleur documentaire) - BAFTA Awards 2013
- Présenté (hors-compétition) - Festival de Berlin 2012
- Meilleur documentaire - Washington DC Filmfest 2012
(1) The last king of Scotland (2006), State of play (2009), The Eagle (2011).
(2) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2009/05/25/one-day-in-september.html
(3) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2007/11/14/mon-meilleur-ennemi.html
(4) Pour ne citer que ceux-là : Bob Marley: Heartland Reggae (1978), Bob Marley and the Wailers (1988), Rebel Music. The Bob Marley Journey (2000), Bob Marley. Time will tell (1992).
22:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bob marley, marley, kevin macdonald
28/05/2014
X-Men: Days of Future Past
Après un premier volet fort prometteur (X-Men: First Class, 2011), nous attendions la suite avec impatience et n'avons pas été déçu. Auteur d'une première sage décevante (les deux premiers opus, en 2000 et 2003), Bryan Singer, lui-même au reboot après que Matthew Vaughn se soit chargé du premier jet, a rectifié le tir et concocté le meilleur X-Men. Cette nouvelle saga a déjà fait oublier la précédente. Pour faire simple, c'est la première fois que le dosage entre noirceur (très profonde cette fois-ci) et divertissement constitue une réussite totale. L'autre prouesse est d'avoir réussi à combiner intelligemment les différentes temporalités, puisque dans ce deuxième opus, Wolverine est envoyé dans le passé pour altérer le futur, c'est-à-dire empêcher d'une part le docteur Bolivar Trask de mettre sur pied son programme de Sentinelles, ces super-robots effrayants et capables de détecter les gênes mutants, et d'autre part, empêcher Mystique d'assassiner celui-ci, le résultat étant identique quant à l'avenir des mutants et du reste de l'humanité.
Scènes d'action virtuoses et touches d'humour (sans tomber dans l'excessif) viennent compléter le tout. Quant aux aficionados de l'univers bd, ils seront ravis de retrouver de nouveaux super-héros. Aux classiques Wolverine, Mystique, Magneto, Storm, Iceman et Beast, nous retrouvons Quicksilver, campé par Evan Peters (le psychopate dans la série American Horror Story), Colossus, Blink (personnage modifié), Sunspot, Warpath, Bishop (Omar Sy!), Havok, Toad... Rien que ça et pour du pur bonheur, sans oublier la présence de Peter Dinklage, le complexe Tyrion Lannister de Game of Thrones. Nous attendons donc la suite de ce récit intelligent et ambitieux. X-Men: Apocalypse est prévu pour le printemps 2016. J. N.
X-Men: Days of Future Past (Bryan Singer, USA, 2015, 132 min). Avec James McAvoy, Hugh Jackman, Jennifer Lawrence, Ian McKellen, Patrick Stewartn Michael Fassbender, Halle Berry, Nicholas Hoult, Ellen Page, Peter Dinklage, Omar Sy, Shawn Ashmore, Evan Peters, Josh Helman, Daniel Cudmore, Adan Canto, Booboo Stewart, Bingbing Fan.
17:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : x-men:days of future past, marvel, x-men, bryan singer, wolverine, magneto, hugh jackman, james mcavoy, jennifer lawrence, michael fassbender, halle berry, ellen page, peter dinklage, omar sy, shawn ashmore, evan peters, patrick stewart, ian mckellen, chris claremont
16/02/2014
American Hustle
On prend les mêmes et on recommence. Spécialiste es nominations aux Oscars, David O. Russell revient seulement un an après Silver Linings Playbook pour une nouvelle comédie décalée et rempile avec ses acteurs fétiches, soit les paires Bradley Cooper/Jennifer Lawrence (tous deux présents dans le précédent opus) et Christian Bale/Amy Adams (présents dans Fighter (2010)). Ce quatuor impérial va se retrouver au centre d'une des plus grandes arnaques survenues aux Etats-Unis, l'affaire Abscam (dont s'inspire l'histoire). Dans la même lignée mais plus sobre que le délirant Wolf of Wall Street de Martin Scorsese, ce film de débauche fonctionne grâce à un mélange réussi entre sérieux et comique, et un récit éclaté, en dépit d'un manque de rythme récurrent. Avec ses personnages hauts en couleurs (nous sommes dans les seventies), campés par d'immenses acteurs, et une mise en scène irréprochable, O'Russell a en fait concocté un "film à oscars" (10 nominations). Il cumule d'ailleurs 25 nominations sur ces trois derniers opus et a réussi ici la prouesse (record) de faire nommer deux fois de suite ses acteurs dans chaque catégorie d'interprétation. Reste à savoir si Christian Bale (méconnaissable mais brillant de bout en bout) remportera l'oscar du meilleur acteur. Choix douloureux car il sera difficile de trancher entre lui, Matthew MacConaughey (Dallas Buyers Club), et Leonardo DiCaprio (The Wolf of Wall Street). J. N
American Hustle (David O. Russell, USA, 2013, 138 min)
Avec Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper, Jeremy Renner, Jennifer Lawrence, Jack Huston, Robert De Niro, Saïd Taghmaoui.
- 10 nominations - Oscars 2014 *
- Meilleur film (comédie ou musical) - Golden Globes 2014
- Meilleur acteur (Christian Bale) - Golden Globes 2014
- Meilleure actrice (Amy Adams) - Golden Globes 2014
- Meilleure actrice dans un second rôle (Jennifer Lawrence) - Golden Globes 2014
- Production de l'année (Judy Becker) - Hollywood Film Festival 2013
* Cérémonie le 2 mars prochain.
16:53 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david o. russell, christian bale, jennifer lawrence, amy adams, bradley cooper, jeremy renner, michael pena, jack huston
15/02/2014
Dallas Buyers Club
Période faste pour McConaughey. Le natif du Texas, acteur confirmé depuis longtemps (1), enchaîne les rôles depuis deux ans et tout azimut : films intimistes ou d'envergure, personnages contrastés... L'acteur prouve qu'il n'est plus désormais cantonné à un seul registre. Il faut dire que son physique de séducteur en faisait un rôle-type pour les comédies, romantiques (The Wedding Planner, 2001; How to loose a guy in 10 days, 2003 ; Failure to Launch, 2006 ; Ghosts of Girlfriends Past, 2009) ou pas (Ed TV, 1999 ; Tropic Thunder, 2008 ; Bernie, 2011). Entretemps, il aura tout de même tourné pour des grands réalisateurs (notamment Steven Spielberg) et campé un avocat à trois reprises. C'est justement depuis The Lincoln Lawyer (2011) qu'il décide de jouer des personnages plus complexes. 2012 marque l'apogée de sa carrière. Il campe un psychopathe dans le dérangeant Killer Joe de William Friedkin, un gigolo chez Steven Soderbergh (Magic Mike), un écorché de la vie dans Mud, un homosexuel dans Paperboy, et fait même une apparition courte mais remarquée dans le dernier Scorsese. Il tourne même pour la télé, étant à l'affiche de la nouvelle série noire de HBO, True Detective. Fin 2014, il tournera dans Intersellar de Christopher Nolan (Memento, Batman, Inception).
Dans Dallas Buyers Club, il est Ron Woodrof, un homme de rodéo, à la vie dissolue, qui découvre qu'il est atteint du virus du sida (McConaughey dû perdre 22 kilos pour ce rôle). Découvrant les failles du système de santé américain, il part en guerre contre celui-ci (en l’occurrence, la FDA), afin de rendre à tous les séropositifs et à lui-même une dignité que le système capitaliste américain ne veut pas leur accorder. Le film est une biographie classique, racontant de manière linéaire et sans fioritures (absence total de romantisme) le combat d'un homme qui aura fait avancer la cause des malades atteints du sida. Sa force réside dans la dimension humaniste du récit, et surtout dans la performance fracassante des deux principaux protagonistes, McConaughey mais aussi Jared Leto (qui se fait de plus en plus rare) dans le rôle d'un transexuel (2). Quant au premier cité, il vient de remporter le Golden Globe du meilleur acteur et pourrait remporter en mars l'Oscar pour la même catégorie (3). On l'espère pour lui en tout cas. J. N
Dallas Buyers Club (Jean-Marc Vallée, USA, 2013, 117 min)
Avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner, Denis O'hare, Steve Zahn
- 6 nominations - Oscars 2014 *
- Meilleur acteur (Matthew McConaughey) pour un drame - Golden Globe 2014
- Meilleur acteur dans un second rôle (Jared Leto) pour un drame - Golden Globe 2014
- Meilleur acteur (Matthew McConaughey) - Golden Camera (All) 2014
- Meilleur acteur (Matthew McConaughey) - Gotham Awards 2014
- Meilleur acteur (Matthew McConaughey) - Hollywood Film Festival 2013
- Meilleur acteur dans un second rôle (Jared Leto) - Hollywood Film Festival 2013
- Meilleur acteur dans un second rôle (Jared Leto) - New York Film Critics Circle Awards 2014
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* Cérémonie le 2 mars 2014
(1) A time to Kill (1996) le fait connaître du grand public.
(2) Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle.
(3) Il sera en balance avec Leonardo DiCaprio (The Wolf of Wall Street), Christian Bale (American Hustle), Bruce Dern (Nebraska), et Chiwetel Ejiofor (12 years of Slave).
17:52 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dallas buyers club, matthew mcconaughey, sida, jared leto, jennifer garner, jean-marc vallée, denis o'hare, steve zahn
05/02/2014
L'homme aux serpents
A bord de son camion cabossé, Franz Florez parcourt son pays, la Colombie, et fait découvrir ses serpents à un large public. Auparavant, l'Etat colombien lui avait confié la tâche de retaper et gérer le serpentarium de la capitale Bogota. Il y avait ajouté sa collection personnelle de reptiles fascinants et a donc décidé de parcourir cet Etat immense (1.141.748 km²) présentant 10% de la biodiversité mondiale, expliquant aux amateurs comment se comporter avec un serpent, qui n'est "pas aussi dangereux qu'on pourrait le penser". Mais le propos est tout autre. A travers son périple et le partage de sa passion, Florez effectue un plaidoyer pour la préservation de la forêt. Lui et le réalisateur Eric Flandrin le font d'ailleurs au péril de leur vie (une des forces majeures du docu) puisqu'ils traversent une jungle où le conflit colombien (vieux de plus de soixante ans) se poursuit, mettant aux prises l'armée nationale, les guérilleros du FARC, les groupes paramilitaires, et les cartels de la drogue.
Et c'est là que nous découvrons (révélation essentielle) que la forêt colombienne (une fraction non négligeable de l'Amazonie) ne doit sa survie actuelle qu'à la poursuite du conflit. Car une fois celui-ci terminé, les grandes multinationales se jetteront dessus comme des vautours afin d'en exploiter les richesses. Court et structuré de manière assez simple, ce docu est en fait plus complexe et parvient à traiter plusieurs thématiques qui se recoupent avec harmonie. Il propose une approche différente d'un pays (et d'un conflit) que nous connaissons mal finalement, et dresse le portrait d'un homme atypique sensibilisant ses compatriotes, malgré un état de guerre permanent, à la catastrophe écologique qui menace leur pays. Cette belle surprise fut diffusée durant une semaine, à partir du 22 janvier 2014, au cinéma Nouvel Odéon à Paris. Eric Flandrin était présent pour parler de son film et répondre aux questions. J N.
L'homme aux serpents (Eric Flandrin, France, 2010, 85 min). Avec Franz Florez.
- 2 nominations - Festival de Biarritz, cinémas et cultures d'Amérique Latine
- Grand Prix - Festival international du film d'environnement de Paris
- Sélection officielle - Festival international de Nyons - vision du réel
- Première caméra - Rencontres internationales du documentaire de Montréal
- Grand prix - Festival international de l'environnement et du développement durable - Argentine
- Grandprix è Festival international cinema planeta - Mexique
13:36 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'homme aux serpents, amazonie, eric flandrin, franz florez, colombie