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30/04/2020
Honeyland
Un très beau documentaire qui fut nommé aux oscars en début d'année. Il suit Hatidze Muratova, une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle, dans les montagnes désertiques de Macédoine du Nord (elle habite le village minuscule de Bekirlija dans le centre du pays). D'un grand coeur, Hatidze récolte le miel juste de quoi survivre et maintenir sa mère malade en vie. Elle fait toujours en sorte de laisser du miel aux abeilles. Mais voilà qu'une famille de nomades vient s'installer tout près de sa maison et met en péril - sans aucun scrupule - aussi bien sa survie que celle des abeilles.
Mis à part une très belle photographie (magnifiques paysages) et une mise en scène/scénario singuliers (la structure narrative - appelée "fly on the wall" et n'utilisant pas les interviews et la voix off - donne l'impression qu'il s'agit d'une fiction), le traitement de la question des abeilles (traité spécifiquement dans le documentaire More than Honey, 2012) est intéressant dans le sens où il s'élargit de manière subtile à de plus amples questionnements. Le souci de Hatidze de préserver ces abeilles avec qui elle entretient une relation spéciale et a contrario les méthodes maladroites, sans connaissance aucune, et rapaces de ses voisins indélicats invitent à réfléchir sérieusement à la destruction de l'environnement et à la lente disparition de biodiversité.
Comment trouver un équilibre entre préservation de l'écosystème (Hatidze) et consumérisme (les voisins nomades) ? C'est toute la question qui se pose. Hélas, dans un monde régi par le néolibéralisme économique, l'exploitation outrancière des ressources naturelles et le thème sacro-saint de la croissance, c'est la seconde tendance qui l'emporte. A moins que la crise socio-économique actuelle engendrée par la pandémie du Coronavirus-Covid-19 (qui au moment où nous écrivons ces lignes a déjà causé 3.2 millions de contaminations dont plus de 228.000 morts) ne poussent les dirigeants de cette planète à revoir notre manière de vivre mais là encore, rien n'est sûr... Un documentaire magnifique à voir absolument. J N
Honeyland (Tamara Kotevska, Ljubomir Stefanov, Macédoine du Nord, 2019, 89 min)
- 2 nominations (meilleur documentaire et meilleur film international) - Oscars 2020
- Meilleur documentaire - Festival d'Athènes 2020
- Meilleur documentaire - Boston Society of Film Critics Awards 2019
- Meilleur documentaire - DocsBarcelona 2019
- Meilleur documentaire - Festival de Sao Paulo 2019
- Prix de la cinématographie, prix spécial du Jury et Grand prix du Jury - Festival de Sundance 2019
- Meilleur documentaire - Vancouver Film Critics Circle - 2019
08:35 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : honeyland, macédoine du nord, hatidze muratova, abeilles, environnement, destruction de l'environnement, consumérisme, écosystème, système économique néolibéral, tamara kotevska, ljubomir stefanov
29/04/2020
Deadman Wonderland
Intéressant cet anime où nous retrouvons le thème bien connu d'un Japon ultra-moderne mais ultra-autoritaire aussi. L'histoire est centrée autour du personnage de Ganta Igarashi. Un jour, alors qu'il est en cours à l'école, un personnage étrange - une sorte de croque-mitaine - apparaît à la fenêtre puis massacre toute la classe sauf Ganta (on ne saura jamais pourquoi). Seul survivant, celui-ci est considéré comme le tueur et envoyé en détention à vie dans une prison de haute sécurité. Problème : dans celle-ci, on meurt à petit feu en raison d'une injection permanente de poison. Il est toutefois possible d'obtenir des bonbons qui neutralisent le poison mais pour cela, il faut cumuler des Cast Points que l'on peut obtenir aux jeux mortels de Deadman Wonderland.
Le jeune homme va d'abord subir la loi des caïds de la prison qui vont lui faire la misère mais à force de persévérance et aidée par une fille étrange, il va progressivement s'en sortir et même se découvrir des super-pouvoirs. La série - qui adapte les 21 premiers chapitres du manga éponyme - est intéressante de par les thèmes qu'elle brasse : Etat totalitaire, univers carcéral, David contre Goliath, failles du système judiciaire, dose de surnaturel, dépasser un passé douloureux...etc. Mais le thème le plus marquant est cette société attirée par le sordide comme l'étaient les Romains par les combats des gladiateurs et les jeux du cirque. En effet, les jeux mortels sont retransmis en live et sont payants pour les téléspectateurs, un thème déjà traité au cinéma et mettant à l'affiche Arnold Schwartzenneger (The Running Man, 1987) ou Jason Statham (Death Race, 2008).
De même, le thème du jeu mortel était déjà présent dans le manga culte Battle Royale, hélas jamais adapté en animation (mais transformé en film en 2000). Un scénario plutôt original et un character design de qualité font de Deadman Wonderland un anime solide. On reste toutefois sur notre faim car l'histoire n'est pas terminée (12 épisodes c'est un peu court) et une saison 2 n'a toujours pas été prévue. Il est également que le studio Manglobe, créé en 2002 et effectuant des séries de qualités (Samurai Champloo, Ergo Proxy, Michiko to Hatchin) a fait faillite en 2015... J. N
Deadman Wonderland
(12 épisodes de 25 min)
Diffusion : avril-juillet 2011
Studio : Manglobe
Réalisateur : Koichiro Hatsumi
10:04 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manglobe, anime, japon, deadman wonderland, manga
28/04/2020
Perm
Rien de surprenant à ce qu'un drapeau d'une entité territoriale arbore un ours, symbole du territoire en question. Sauf qu'ici, cet ours tout mignon porte sur son dos un gros bouquin qui logiquement devrait être une bible, vu qu'au dessus figure également une croix... Capitale administrative du kraï (territoire) de Perm dans l'ouest de la Russie (voir ci-dessous), la ville de Perm (1 million d'habitants) s'appelait Molotov de 1940 à 1957, en l'honneur de Viatcheslav molotov (1890-1986), ministre des affaires étrangères de l'URSS (1939-1949, 1953-1956) et Premier vice-président du Conseil des ministres (1942-1957).
L'ours blanc est symbole de richesse naturelle (faune et flore) entourant la ville. L'évangile renvoie à la culture chrétienne orthodoxe, symbolisant l'"illumination chrétienne qui a brillé ici avec les habitants". Placée de cette manière, la croix équilatérale à quatre pointes signifie protection, mécénat et victoire. Le drapeau (proportion 2:3) fut adopté le 8 juin 1999.
10:00 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perm, ours, drapeau perm, drapeau de perm, russie, drapeau russe, ville russe, évangile, bible, viatcheslav molotov
27/04/2020
Going clear: Scientology and the Prison of Belief
Il fallait bien que quelqu'un se lance dans un film documentaire sur la scientologie. C'est ce qu'a effectué en 2015 Alex Gibney. Le spécialiste des affaires louches et/ou illicites, entre attaque cybernétique américo-israélienne contre l'Iran, le scandale Volkswagen (le premier épisode de la série documentaire Dirty Money), Lance Armstrong et le dopage, Wikileaks, les abus de l'armée américaine en Afghanistan (1) et bien d'autres (2), a donc osé raconter et critiquer la puissante et secrète Eglise de scientologie, affirmant qu'il s'est intéressé à la scientologie car au-delà de la fascination qu'elle exerçait, "elle faisait faire à des gens des choses qu'elles n'auraient jamais faites si elles n'avaient pas adhéré au mouvement".
Le documentaire est une adaptation du livre de Lawrence Wright, Going Clear: Scientology, Hollywood and the Prison of Belief (2013). Si les titres diffèrent, c'est probablement du au fait que dans le documentaire, il n'y a pas d'accent mis sur les relations entre la scientologie et certaines stars notoires de Hollywood, même si celles-ci sont abordées rapidement (John Travolta, Tom Cruise). Deux dimensions sont abordées ici : une genèse rapide et claire de la scientologie, à laquelle est - logiquement - greffée une biographie de son fondateur L. Ron Hubbard (1911-1986), et de nombreux témoignages d'anciens membres de la scientologie, narrant leurs sessions de travail ainsi que l'exploitation psychologique et financière dont ils furent victimes.
Au vu de la réputation (et de l'historique) de harcèlement et de secret quasi-absolu qui entoure la scientologie, il faut donc saluer ce travail qui nous éclaire quelque peu sur ce mouvement religieux classé comme secte (3) et imperméable à toute forme de critique. Gibney a d'ailleurs essuyé le refus de nombreux réseaux de télévision quant à une participation à la production, ces derniers voulant éviter des démêlés judiciaires avec la scientologie. Principal producteur, la chaîne HBO s'était d'ailleurs entourée d'une armée d'avocats comme anticipation d'une éventuelle bataille judiciaire. La scientologie a en fait riposté par une campagne de dénigrement du documentaire via la presse traditionnelle (New York Times et Los Angeles Times) et internet. Les producteurs et témoins du films ont également reçu des menaces physiques et morales.
Largement salué par la critique, Going Clear est considéré par Slate comme un "brillant exposé sur une organisation et une religion qui a trop longtemps été enveloppée de mystère", tandis que le Hollywood Reporter estime qu'il représente "une intervention courageuse et opportune dans les débats sur cette organisation qui couvent depuis un certain temps". S'il avance les côté positifs, le très sérieux The Guardian regrette en même temps le manque de participation de la secte, ce qui rend le documentaire "un peu partial".
Il est vrai que l'absence de prise de parole de membres actuels (Gibney l'a tenté mais on lui a refusé de parler aux personnes en question lui proposant d'autres membres dont les témoignages n'auraient - semble-t-il - pas apporté grand chose) constitue un bémol puisqu'il ne permet pas d'avoir une vision globale de ce qu'est la scientologie. Mais en même temps, ce fait stigmatise, à notre sens, son essence-même : une supercherie (à moins de considérer que toutes les religions le sont mais cela constitue un autre débat).
L'essentiel est là : on comprend qu'à la base, la scientologie n'est pas une religion (Hubbard l'a enregistré comme tel afin d'éviter les impôts et on constate, d'une part, que les abus qu'a commis la scientologie sont graves (elle a presque détruit la vie de certaines personnes), et d'autre part, à quel point le lavage de cerveau (contre rémunération) est facile. J N
Going Clear: Scientology and the Prison of Belief (Alex Gibney, 2015, 120 min)
- Présenté - Festival de Sundance 2015
- Meilleur documentaire - Primetime Emmy Awards 2015
- Meilleur réalisateur - Primetime Emmy Awards 2015
- Meilleure écriture - Primetime Emmy Awards 2015
- Meilleur documentaire - Las Vegas Film Critics Society Awards 2015
- Meilleure production - Peabody Awards 2016
- Meilleur scénario de documentaire - Writers Guild of America - 2016
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(1) Relatant la torture et mort d'un prisonnier dans la prison militaire de Bagram, tenue par l'armée américaine, le documentaire Taxi for the Dark Side (2007) a obtenu l'oscar du meilleur documentaire.
(2) Il est le réalisateur, tout récemment, de la série The Innocent Files (Netflix).
(3) Une secte est considérée comme un groupe ou organisation, souvent à caractère religieux, dont les croyances ou les comportements sont jugés obscurs, inquiétants ou nocifs par le reste de la société.
09:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : going clear, alex gibney, lawrence wright, going clear:scientology, hollywood and the prison of belief, john travolta, tom cruise, scientologie, eglise de la scientologie, hbo, l. ron hubbard, hubbard
26/04/2020
Adaptation
"L'homme raisonnable s'adapte au monde ; l'homme déraisonnable persiste à vouloir adapter le monde à lui-même. C'est pourquoi le progrès ne peut venir que de ce dernier".
George Bernard Shaw (1856-1950)
15:00 Publié dans Citation | Lien permanent | Commentaires (0)
25/04/2020
The Cave
Il est sans aucun doute très noble - à l'heure du Covid-19 - de mettre en avant le travail très ingrat des soignants et de porter un hommage à ces personnes se trouvant en première ligne d'une très possible contamination. Mais il est également des places dans le monde où les soignant(e)s travaillent dans des conditions encore plus dures et auxquelles peu de gens s'intéressent (ou ne veulent s'intéresser) car c'est bien connu, pour le monde occidental, certains humains (ou morts) valent plus que d'autres... C'est à ces soignantes que s'est intéressé le réalisateur syrien Firas Fayyad en suivant plus particulièrement le docteur (et militante féministe) Amani Ballour qui dirige un hôpital de fortune dans les souterrains (d'où le titre du documentaire) de la partie est de la région de Ghouta, dans les faubourgs de Damas. C'est rappeler ici que la Ghouta, tenue alors par l'armée libre syrienne, avait subi le 21 août 2013 un bombardement chimique au gaz sarin de la part du gouvernement du syrien, et que s'est tenu de 2012 à 2018 la tristement célèbre Bataille de la Ghouta orientale (victoire des forces loyalistes ; 15.000 à 20.000 civils tués).
Déjà acclamé par la critique pour son précédent documentaire (Les derniers hommes d'Alep, 2017), Firas Fayyad a voulu montrer à travers son documentaire la guerre mais surtout ce que vivent les civils. "Le film devrait mettre les gens dans une position inconfortable pour regarder la terrible réalité qui nous entoure", a-t-il déclaré lors d'une interview. Rendons ici hommage à ces femmes qui risquent leur vie tous les jours mais qui plus est subissent sexisme et harcèlement de la part de l'entourage masculin tout azimut, dans une société arriérée.
A l'instar de Florent Marcie qui a filmé sous les bombes à Grozny, Fayyad et son équipe ont tourné à Ghouta sous une pluie régulière de bombes et alors que les victimes sont emmenées aux soins. Rien que pour cette prouesse mais aussi du fait que Fayyad risque continuellement sa vie (il a été torturé par les autorités syriennes pour ses précédents documentaires sur la Syrie), le documentaire aurait du recevoir l'oscar 2020 du meilleur documentaire. Mais force est de constater que cette récompense est (trop) souvent attribuée à un documentaire américain. En effet, sur les vingt dernières années (2001-2020), elle n'a échappé que trois fois aux Etats-Unis... J N
The Cave (Firas Fayyad, Syrie/Danemark, 2019, 107 min)
- 1 nomination (meilleur documentaire) - Oscars 2020
- Présenté - Festival international de Toronto 2019
- Meilleur documentaire - Danish Film Awards 2020
- Meilleur documentaire - Festival international de Cork 2019
- Meilleur documentaire - Festival international de Leeds 2019
- Meilleur documentaire - Festival international de Valladolid 2019
- Documentaire le plus dérangeant - Ramdam festival de Tournai 2020
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09:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : the cave, ghouta, syrie, firas fayyad, danemark, oscars 2020, gaz sarin, damas, amani ballour, coronavirus, covid-19
24/04/2020
Indice de liberté de presse - 2020
La pandémie actuelle du Coronavirus/Covid-19 est du pain béni pour de nombreux gouvernements. Dans certains cas, elle permet de masquer la crise économique aiguë traversée en ce moment (Liban) mais plus généralement, elle fournit un prétexte à de nombreux gouvernements pour restreindre encore plus les libertés individuelles, notamment la liberté de la presse.
C'est ce qu'affirme l'ONG Reporters sans Frontières qui a publié le 21 avril 2020 son classement annuel de la liberté de la presse. C'est le cas par exemple de la Chine (177e) et de l'Iran (173e) - les deux premiers foyers de l'épidémie - qui ont mis en place des dispositifs de censure massifs. En Irak (162e), la licence de l'agence de presse Reuters a été suspendue car cette dernière a remis en cause via une dépêche les chiffres officiels concernant le coronavirus. Au Turkménistan (179e), l'un des pays les plus autoritaires et fermés au monde et où il y a officiellement zéro cas de coronavirus, l'emploi du mot "coronavirus" est passible d'une peine de prison. Considéré comme l'Etat le plus autoritaire au monde (et où il n'y a également - officiellement - aucun cas de contamination), la Corée du Nord occupe la dernière place du classement.
Si l'Occident se classe généralement bien (8 Etats dans le TOP 10, 16 dans le TOP 20) et que les pays nordiques occupent encore une fois le TOP 4 (voir classement ci-dessous), il n'échappe pas pour autant à cette tendance mondiale de musellement des médias. En pleine dérive autoritaire depuis des années, la Hongrie (89e, -2 places) de Viktor Orban a fait passer une "loi coronavirus" sanctionnant jusqu'à 5 ans de prison ferme la "diffusion de fausses informations" concernant le virus.
Progressions et régressions
Pour la 4ème année consécutive, la Norvège - exemple de démocratie - demeure 1ère du classement. Mais la meilleure progression est à créditer à la Malaise (101e) et aux Maldives (179e), après une alternance politique (en Malaisie, le premier ministre Najib Razak a quitté le pouvoir en 2018) qui leur fait respectivement gagner 22 et 19 places. Le Soudan (où l'ancien dictateur Omar el-Bashir a été écarté l'an passé) gagne de même 16 places. Les pires reculs sont du côté des pays en développement : Haïti (83e) et les Iles Comores (75e) perdent respectivement 21 et 19 places.
C'est la région Asie-Pacifique qui marque le recul le plus important (+1.7%). Généralement modèle de démocratie, l'Australie perd 5 places (26e) tandis que Singapour (158e) - Etat autoritaire - en perd 7. La région Moyen-Orient/Afrique du Nord demeure par ailleurs le coin le plus dangereux pour le journalisme, où l'Arabie Saoudite (170e, +2) et l'Egypte (166e, -3) sont - au niveau mondial - les pays où il y a le plus de journalistes emprisonnés.
Si l'Europe et l'Amérique sont généralement les bons élèves de ce classement, cela n'empêche pas des reculs notoires dans certains Etats. La première puissance mondiale - les USA - n'est "que" 45ème (+3) tandis que la première puissance d'Amérique du Sud - le Brésil - est 107ème (-2). Dans ces deux cas, les présidents (respectivement Trump et Bolsonaro) participent activement de cette état de la liberté de la presse, de par leur attitude anti-démocratique et anti-médias, incitant même publiquement à une haine contre les médias.
Même l'Europe occidentale n'échappe pas à une certaine régression. La France, où les journalistes sont victimes d'agressions policières (crise des gilets jaunes) n'est "que" 34ème (-2). Le Royaume-Uni ne fait pas mieux (35e, -2) tandis que des démocraties authentiques comme la Belgique (12e, -3) et la Suisse (8e, -2) régressent également.
Dans le monde arabe, c'est la Tunisie (une transition démocratique plutôt réussie lors du Printemps arabe) qui se classe le mieux (72e, 0) tandis que le Liban (107e, -1) est le pays arabe du Moyen-Orient qui fait le mieux (107e, -1), suivi du Koweït (109e, -1). Les 20 derniers pays du classement sont fort logiquement des pays du sud et autoritaires. Certains sont également instables sur le plan politique. Il convient de même de souligner la corrélation entre crise économique et répression (ou absence de confiance envers) des médias. En effet, tous les Etats marqués par une crise socio-économique durant la période 2019-2020 (Liban, Irak, Iran, Bolivie, Chili, Haïti, Equateur..etc) régressent. En tout état de cause, cette reculade de la liberté de la presse un peu partout semble devenir une normalité. Et c'est une très mauvaise nouvelle. J. N
TOP 20
1. Norvège
2. Finlande
3. Danemark
4. Suède
5. Pays-Bas
6. Jamaïque
7. Costa Rica
8. Suisse
9. Nouvelle-Zélande
10. Portugal
11. Allemagne
12. Belgique
13. Irlande
14. Estonie
15. Islande
16. Canada
17. Luxembourg
18. Autriche
19. Uruguay
20. Suriname
Les 20 Etats les moins bien classés
161. Tadjikistan
162. Irak
163. Somalie
164. Libye
165. Guinée Equatoriale
166. Egypte
167. Yémen
168. Azerbaïdjan
169. Bahreïn
170. Arabie Saoudite
171. Cuba
172. Laos
173. Iran
174. Syrie
175. Vietnam
176. Djibouti
177. Chine
178. Érythrée
179. Turkménistan
180. Corée du Nord
Classement complet
15:11 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : norvège, finlande, danemark, erythrée, corée du nord, turkménistan, chine, donald trump, trump, bolsonaro, bolivie, chili, soudan, singapour, maldives, reporters sans frontières, coronavirus, covid-19, indice de liberté de presse, indice de liberté de presse 2020, journalisme, irak, iran, liban, tunisie, tadjikistan, haïti, france, etats-unis, brésil, malaisie, iles comores, cuba, vietnam, yémen, djibouti, syrie, laos, portugal, pays-bas, jamaïque, costa rica, nouvelle-zélande, koweït, suède, suisse, equateur, rsf
23/04/2020
Ce qui mordait le ciel...
C'est lors d'un récent voyage qui nous a fait traverser la Tchéquie, la Pologne et la Slovaquie que nous avons lu notre quatrième roman de science-fiction - après Le syndrome du scaphandrier, Boulevard des banquises et La nuit du bombardier - de Serge Brussolo que nous considérons être un peu le Philip K. Dick de la SF made in France. Ce récit paru pour la première fois en 1984 raconte le périple de David. Au bord de la rupture et travaillant pour la Compagnie Intergalactique de Pompes Funèbres, celui-ci est dépêché d'urgence sur la planète Sumar. Sur celle-ci, a été expédié par erreur un produit destiné à développer autour du cadavre un agglomérat cristallin indestructible. Spécialisée dans les rites funéraires, la CIPF entend régler rapidement cette erreur de livraison, d'autant plus que ledit produit a vacciné des espèces de bêtes géantes, les thomocks, entraînant la dispersion dans l'espace de gigantesques masses cristallines. Cette situation dérègle au passage la vie des locaux qui doivent s'adapter tant bien que mal et David se retrouve au milieu de cette atmosphère de mutation hallucinée...
Nous devons reconnaître que nous avons eu un peu de mal à suivre le récit - moins aisé à lire que les œuvres citées - plus particulièrement après l'arrivée du principal protagoniste sur Sumar. Mais qu'importe, on retrouve ici l'imagination débordante qui a fait la notoriété de l'auteur, entre visions fantasmagoriques, situations lugubres et comportements morbides. On retrouve en fait les thèmes classiques de la SF de Brussolo : une société coupée du monde, un héros (ou anti-héros, c'est selon) au bord de la déchéance, l'humour noir, une humanité en décrépitude (que la pandémie actuelle du Covid-19 a, selon nous, mis en exergue...). S'il n'est pas notre roman SF préféré de l'auteur (mais nous n'en n'avons pas lu assez), une constatation nous vient tout de même à l'esprit : comment se fait-il que de telles oeuvres ne soient pas adaptées au cinéma (même constat pour le génial Christopher Priest) lorsque nous réalisons bien que la Science-Fiction n'a pas souvent fait d'éclats au cinéma? A ce propos, Michel Bussi déclare que Serge Brussolo "a un peu le statut d'artiste maudit, peut-être parce qu'il n'a pas été adapté au cinéma"... J. N
Serge Brussolo, Ce qui mordait le ciel..., FOLIO SF, 2006 (1984), 216 p.
14:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serge brussolo, science-fiction, sumar, thomoks, michel bussi, compagnie intergalactique de pompes funèbres, rite funéraire
22/04/2020
Corse
Le drapeau corse et la fameuse tête de Maure. Avec le chant Dio vi Salvi Regina, le drapeau corse (A bandera corsa) est un des principaux symboles de l'"île de beauté" (8722 km² ; 335.000 hab.). Si l'origine de cet emblème adopté en 1755 par Pascal Paoli (1) est sujet de discussion chez les historiens, la théorie la plus courante s'appuie sur une légende rapportée dans Les légendes du pays corse de J. A Giustiniani. Il y est dit qu'une femme de la ville d'Aléria (façade est), Diana, fut vendue par des corsaires au roi Mohamed du Royaume de Grenade (1238-1492). Mais elle fut délivrée par son fiancé Paolo qui la ramena en Corse. Le roi de Grenade chargea donc son lieutenant Mansour Ben Ismaïl d'aller la ramener. Celui-ci mena donc une expédition en Corse avec force massacres et pillages. Mais malgré l'avantage numérique, les Maures perdirent la bataille et Paolo exposa triomphalement sur une pique la tête tranchée de Mansour, ceint d'un ruban blanc (que portaient les Maures gradés)... Désormais, la tête de Maure ornerait la bannière blanche autour de laquelle se rallieraient "les fils indomptés de la vieille Cyrnos" (2).
Une autre version affirme que la tête de Maure est d'origine aragonaise, apparaissant pour la première fois en 1281 sur un sceau du roi Pierre III d'Aragon (au pouvoir de 1276 à 1285). Elle se serait ainsi imposée par la suite comme emblème de la Sardaigne puis de la Corse, sous domination aragonaise. Quoi qu'il en soit, l’emblème devient officiel le 24 novembre 1762 durant la République corse avant que l'île ne soit cédée par Gênes à la France par le Traité de Versailles (15 mai 1768). Le lieu de naissance de Napoléon 1er retrouve la tête de Maure comme symbole officiel régional en 1980. Il est à noter que le bandeau couvrait à l'origine les yeux et que la tête ornait une boucle d'oreille (ci-contre). Là aussi, il y a désaccord. Si tout le monde est d'accord sur le fait que le relèvement du bandeau est symbole de liberté, cette action n'est toutefois pas attribuée à la même personne : il pourrait s'agir du général corse Ghjuvan Petru Gaffori, du roi des corses Théodore de Neuhoff, du médecin et général corse Jean-Pierre Gaffory, ou encore de Napoléon 1er.
J. N
(1) Homme politique, philosophe et général corse, il est une des figures les plus représentatives de la Guerre d'indépendance de la Corse (1729-1743 et de la République corse (1755-1769).
(2) Cyrnos signifie "Corse" en grec.
14:00 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corse, drapeau corse, bonaparte, tête de maure, napoléon 1er, napoléon bonaparte, pascal paoli, royaume de grenadenmansour ben ismaïl, diana, aléria, cyrnos
21/04/2020
The Man Who Shot Beautiful Women
Nous apprécions particulièrement tomber sur des documentaires d'une durée d'une heure (le temps manque pour regarder films/documentaires de deux heures) qui permettent de comprendre les grandes lignes d'un sujet ou de saisir un personnage, d'autant plus qu'il s'agit de domaines que nous ne connaissons que très peu. Il s'agit ici de celui de la photographie. Ce documentaire de BBC4 est un biopic rapide d'Erwin Blumenfeld (Berlin, 1897 - Rome, 1969), photographe associé au mouvement dadaïste.
Nous noterons le parcours tortueux et fascinant d'un artiste avant-gardiste (notamment ses célèbres photographies de femmes nues à une époque - les années 1930 - encore très conservatrice à ce niveau) qui aura réussi l'exploit d'avoir survécu aux deux guerres mondiales. Durant la première, il était ambulancier à la frontière germano-française. Durant la seconde, vivant en France (il émigre des Pays-bas où il lui était impossible de vivre de son travail et de se faire un nom), il est emprisonné au début de la guerre, étant citoyen allemand. Lorsque la France est vassalisée par l'Allemagne (régime de Vichy), il est contraint de fuir l'Europe (étant de confession juive) et parvient à rallier les Etats-Unis. C'est là où il acquier la notoriété, réalisant de nombreuses couvertures pour les magazines Harper's Bazaar (1941-1944) et Vogue (1944-1955), notamment sa célèbre photo de 1949, L’œil de biche (ci-contre).
Blumenfled effectuera également des commandes publicitaires très bien rémunérées pour l'industrie cosmétique. Et c'est probablement l'élément le plus intéressant qui ressort de sa vie : ce tiraillement constant entre réaliser de la photographie artistique et faire ce qui rapporte de l'argent. Ce documentaire coïncide avec une exposition consacrée à Blumenfeld au Jeu de Paume (octobre 2013 - janvier 2014). Lors de celle-ci, le commissaire Ute Eskildsen affirma : "son travail éditorial était radical, expérimental, comme s'il cherchait sans arrêt à repousser les limites de la photographie en couleur".
J N
The Man Who Shot Beautiful Women (Nick Watson, Royaume-Uni, 2013, 59 min)
15:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erwin blumenfeld, photographie, jeu de paume, dadaïsme, the man who shot beautiful women, bbc4, bbc 4, nick watson